Jacques Chirac, l’ancien président français est reconnu universellement comme un homme d’Etat historique, mais aussi une grande référence politique, qui se méfiait du dénigrement, même de ses adversaires sur la place publique. D’ailleurs, parmi ses phrases célèbres, il y’a ceci : « Prenons garde que notre esprit critique ne se transforme en esprit de dénigrement systématique… »
On n’est certes pas en France, mais notre système démocratique en est issu. Nous avons fait « un copier-coller ». A son temps, nous n’avons pas voulu suivre la logique de notre président de la République, qui disait que la démocratie n’est pas une camisole de force, que c’est un mode de gouvernance qui nécessite un temps de réflexion, d’adaptation et de mise en œuvre progressive. De plain-pied nous sommes jetés dans la marre. On a forcé le train, maintenant nous ne savons à quelle gare descendre et vers quelle destination nous-nous acheminons. Tout est permis au nom de la démocratie. Même les dirigeants du pays auquel nous avons singé cette pratique, se jouent de nous, de notre avenir, de notre territoire. Que dire de cette affirmation pompeuse de l’ex ambassadeur français, Nicolas Normand, d’ « avoir donné Kidal à une groupuscule des séparatistes » ?
Mais cela n’est pas l’objet du débat ici, c’est surtout la liberté d’expression débordante que la démocratie est en train d’instaurer chez nous qui pousse à se demander, si ce système de gouvernance n’est pas en train de piétiner nos valeurs les plus sacrées. Tout le monde peut parler, chacun peut dénoncer, dénigrer et vomir sur celui qu’il veut, sur la place publique. Ceux qui se sont taillés la couronne des démocrates sincères et patriotes convaincus s’en glorifient et soutiennent que : « la démocratie avance ». Tout cela n’est pas un crime en soi, car le principe de la démocratie à l’occidentale, donne le pouvoir au peuple.
De ce fait, tout le monde parle au nom du peuple, jure de sauvegarder ses intérêts et se propose de lui assurer un meilleur devenir. Quoi de plus normal. Seulement, le constat laisse apparaître que ceux qui le font généralement dans notre pays n’ont ni qualité, ni été mandaté pour le faire. Ils connaissent peu ou prou des sentiments profonds du peuple. D’ailleurs, ils ne s’interrogent point s’ils ne sont pas en train de heurter sa conscience. Que des règlements de comptes personnels.
Au nom du peuple, ils s’évertuent à dénigrer des chefs religieux, des gardiens des us et coutumes.
Au nom du peuple, ils s’insurgent en donneurs de leçon pour pourfendre tout ce que le pays dispose comme hautes personnalités publiques.
Maintenant au nom du même peuple, sous le label de la lutte contre la corruption, ils veulent briser le dernier rempart qui nous sépare de la jungle, la justice, la première institution de ce pilier de la démocratie. Si cela a commencé par des chroniqueurs et vidéo-mans payés, c’est le président d’une structure importante du secteur privé qui veut s’adjuger ce rôle, à savoir Mamadou Sinsi Coulibaly, non moins président du Conseil National du Patronat du Mali.
Certes au nom des principes démocratiques, personne ne peut interdire à l’autre de s’exprimer, mais lorsque des présidents d’institutions s’offrent les caméras et micros de la presse, pour se dénigrer, s’accuser et s’insulter, il y’a lieu de s’interroger, si tout cela est fait au nom du peuple. Or il est évident que dans la logique tous doivent rendre des comptes au peuple. Tous ceux qui ont participé de près ou de loin dans la gestion du pays, dans les prises de décisions importantes du pays, dans les évènements douloureux qu’a connus le pays et dans la faillite de certaines entreprises au vu et au su de tout le monde. Donc, sortez les preuves pour bien accuser ou se justifier.
La Rédaction
Le Sursaut