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Mali : La crise éducative fait réagir

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Suite à la grève déclenchée par la coalition des syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016, les réactions au sein de la société civile, des internautes, de la classe politique, des autorités scolaires, des parents d’élèves notamment les femmes voire les élèves se multiplient. L’éducation reste encore paralysée nationalement.

La fermeture de toutes les classes, du fondamental au supérieur ; du privé au public ; à cause de la grèvedes enseignants fait réagir les Maliens. Cette réaction fait suite à la décision du syndicat estudiantin d’étendre la grève aux secteurs privés afin de forcer la main aux autorités. Depuis près deux semaines, la coordination nationale de l’AEEM dirigée par Moussa Niangaly a ordonné de faire sortir les écoles privées ainsi que les supérieures pour montrer leur mécontentement face à la paralysie du secteur public depuis au mois de décembre 2018 voire depuis octobre pour des régions comme Kayes. Cette paralysie nationale de l’école aurait touché la société civile, les femmes, les internautes profondément. Depuis la semaine dernière, des sit-in ainsi que des marches ont été entamés tantôt pour soutenir les enseignants, tantôt les autorités et tantôt aussi aucune partie prise.

Le jeudi 14 mars 2019, une grande marche a été organisée afin de demander la réouverture des classes. Au même moment, un sit-in s’est tenu devant le ministère de l’Éducation pour les mêmes motifs et organisé par des internautes qui disent en avoir marre de cette situation. À leurs dires, « la place d’un enfant se trouve dans la salle de classe et non pas dans la rue ». Selon le principal noyau de ce sit-in, Ousmane Traoré, « Notre objectif était de dire au gouvernement de trouver une solution pour que les enseignants puissent rejoindre les salles de classe afin de garantir à nos enfants une année scolaire réussie». À l’en croire, « L’avenir du Mali dépend de l’éducation que nous donnons à nos enfants. » Toutefois, il reste convaincu que l’année scolaire est encore récupérable.

Outre ces différentes manifestations demandant la réouverture des classes, il faut noter également la marche qui est partie  le samedi 16 mars 2019 de la bibliothèque nationale vers la primature avant d’être dispersée par les forces de l’ordre. Il s’agit d’une marche organisée par la plateforme Ambé Kungo. Cette marche était pivotée par des femmes, mais on pouvait trouver parmi les manifestants des élèves, des parents d’élèves ainsi que des enseignants. Sékou Diarra et Yacouba Koïta, élèves à l’Institut de formation professionnelle ‘’Sonny Ali Ber’’, nous confient : « Nous demandons à l’État de donner satisfaction aux doléances des enseignants afin de nous permettre de reprendre le chemin de l’école. »

De leur côté, les femmes, notamment celles des militaires ayant souhaité l’anonymat restent convaincues que si la grève se poursuit c’est parce que l’État n’a aucune volonté d’y mettre fin. Quant aux arguments qu’avancent les autorités faisant état d’un manque de moyens, ces femmes n’ont pas hésité à démonter les gouvernants : « Si c’est pour investir dans l’éducation des pauvres, on estime qu’il n’y a pas d’argent ; or, on dépense inutilement » Elles continuent : «Nos autorités s’en foutent de l’éducation des enfants des pauvres parce que pendant que ceux-ci sont au-dehors les leurs se trouvent en étude à l’étranger. » A les en croire, le président malien est juste en train de concrétiser ce qu’il a fait entendre depuis belle lurette : « Nous avons gouverné vos pères, et nos fils vont vous gouverner. »Chose qui ne marchera pas selon elles.

Notons que le samedi 16 mars 2019, les syndicats ont rencontré le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga. Après les négociations, les syndicats doivent se concerter autour des propositions du PM qui leur a demandé de surseoir au mot d’ordre de grève durant trois mois afin de permettre au gouvernement de mieux évaluer les points de désaccord. Pour ce faire, il a été demandé aux enseignants de mettre en place une commission. Quant à la suspension des salaires du mois de février des enseignants, le chef du gouvernement a promis de trouver une issue favorable à cette situation. Les syndicats vont-ils céder ? Les prochains jours nous en diront plus.

Fousseni TOGOLA

Le Pays

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