En application de la Résolution 2423 (2018) du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres a produit un rapport sur la situation du Mali six mois après l’investiture du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Dans ce rapport de 15 pages, en date du 5 mars 2019, Antonio Guterres a fait savoir qu’en dépit des progrès réalisés au cours des six derniers mois, le chemin qui doit mener vers une paix et une stabilité durables au Mali reste long et semé d’obstacles. «Malgré l’importance des initiatives prises au niveau international, les conditions de sécurité ont continué de se dégrader, ainsi qu’en témoigne l’augmentation du nombre d’attaques terroristes visant les forces nationales et internationales, la MINUSMA et la population civile depuis 2016 (183 attaques en 2016, 226 en 2017 et 237 en 2018) », a-t-il dit. Par ailleurs, il a invité responsables politiques maliens à régler leurs différends par le dialogue.
«J’invite tous les responsables politiques à régler leurs différends par le dialogue. Ce n’est qu’en œuvrant de concert qu’il sera possible de jeter les bases d’un État-nation malien et de garantir pour tous ses habitants un avenir plus pacifique et plus stable», c’est par ces mots que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a commencé ses observations sur la situation du Mali. Avant de signaler que le début du processus accéléré de désarmement, de démobilisation et d’intégration constitue une étape importante du processus général de reconstitution et de réforme des Forces maliennes de défense et de sécurité prévu par l’Accord. «En dépit des progrès réalisés au cours des six derniers mois, le chemin qui doit mener vers une paix et une stabilité durables au Mali reste long et semé d’obstacles. Les retards répétés enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord ont fait perdre un temps précieux, situation qu’ont aggravée les problèmes de sécurité complexes auxquels le pays continue de faire face. J’ai conscience que la mise en œuvre de l’Accord ne se déroule pas dans un contexte d’après conflit comme on l’avait espéré au moment de sa signature, mais plutôt dans un environnement où perdurent les crises, le terrorisme et la violence extrémiste », a-t-il dit. En outre, il s’est dit peiné par le décès de 18 soldats de la paix et par les blessures infligées à 77 autres à la suite des attentats perpétrés contre les Nations Unies au cours des six derniers mois. «Malgré l’importance des initiatives prises au niveau international, les conditions de sécurité ont continué de se dégrader, ainsi qu’en témoigne l’augmentation du nombre d’attaques terroristes visant les forces nationales et internationales, la MINUSMA et la population civile depuis 2016 (183 attaques en 2016, 226 en 2017 et 237 en 2018) », a martelé le secrétaire général. A ses dires, la menace, qui continue de se propager du nord vers le centre du Mali, détourne l’attention de l’Accord et en complique la mise en œuvre. Avec l’expansion des groupes extrémistes, qui exacerbe les violences intercommunautaires, dit-il, la multiplication des explosions touchant les forces de sécurité et les civils et l’accroissement du nombre de personnes déplacées, la situation en matière de sécurité devient plus complexe dans le centre du Mali. «Je condamne fermement la poursuite des attaques perpétrées contre les Forces de défense et de sécurité maliennes dans le nord et le centre du pays, ainsi que les nombreuses pertes que ces dernières subissent. Je salue ces forces pour le courage et la détermination dont ils font montre dans la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali ainsi que de la sécurité de ses citoyens. Je demeure préoccupé par la détérioration constante des conditions de sécurité dans le centre du Mali, où la présence croissante des groupes extrémistes a exacerbé des tensions et des conflits intercommunautaires déjà anciens. Je salue l’action que mène le Gouvernement pour faire face à cette situation préoccupante dans le centre du Mali et qui consiste à mettre en œuvre son plan de sécurité intégré. Dans le même temps, je tiens à rappeler que les seules mesures de sécurité ne suffiront pas à régler les crises, dont les causes profondes relèvent de questions de politiques et de développement », a souligné le secrétaire général de l’ONU.
« La question des quotas d’intégration dans l’armée reste en suspens »
Pour pouvoir s’attaquer aux problèmes que rencontre le Mali, Antonio Guterres a précisé qu’il importe de prendre en compte la dynamique transfrontières et les facteurs de conflit complexes présents dans la région. Il invita les acteurs nationaux, régionaux et internationaux à redoubler d’efforts pour faire face aux multiples menaces qui pèsent sur le Mali et sur la région du Sahel et qui touchent à toutes les dimensions de la paix, du développement et de la sécurité. Pour lui, sans le développement durable, il ne peut y avoir de paix durable au Mali et dans la région et, sans la paix et la stabilité, aucune avancée ne pourra être enregistrée dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063-L’Afrique. Il s’est réjouit de la reprise des opérations de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel dans le centre du Mali. Par ailleurs, il dira que la question des quotas d’intégration dans l’armée reste en suspens. Avant d’ajouter que le Gouvernement insiste pour maintenir ce nombre à 4 900, tandis que les groupes armés signataires réclament que celui-ci soit porté à 10 000. « Il semble toutefois que les parties soient disposées à poursuivre l’intégration des groupes armés signataires dans le Mécanisme opérationnel de coordination, étant entendu que les éléments intégrés dans l’armée seront considérés comme des membres à part entière des forces de défense, bien que la question de l’harmonisation des grades de 100 officiers de commandement des groupes armés signataires ne soit pas non plus réglée », a-t-il signalé. Dans son rapport, Antonio Guterres a fait savoir que les représentants de l’opposition politique malienne ont mis en exergue leur exclusion des processus d’élaboration des politiques et des réformes. Selon lui, le référendum national sur la modification de la Constitution est considéré comme un jalon incontournable sur la voie des grandes réformes institutionnelles et administratives. « Le 14 janvier, le Gouvernement a créé un comité d’experts sur la réforme constitutionnelle et nommé ses 11 membres, dont 2 femmes. Ce comité est chargé d’élaborer le projet de loi portant révision de la Constitution, en s’appuyant sur les propositions pertinentes formulées par le passé. Cette décision a été critiquée par l’opposition politique, qui a déclaré ne pas avoir été consultée et a appelé à un dialogue politique susceptible de conférer aux réformes un caractère consensuel », a-t-il rappelé. Par ailleurs, il dira que dans les semaines qui ont précédé l’élection présidentielle et après le premier tour de scrutin, le climat politique était tendu en raison d’allégations de fraude portées contre le Gouvernement par plusieurs candidats de l’opposition et de préoccupations relatives à la question de savoir si les conditions de sécurité dans le nord et le centre du pays étaient propices à la tenue de l’élection. « Les bons offices de mon Représentant spécial, agissant en étroite collaboration avec d’autres partenaires internationaux, notamment la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union européenne et l’Organisation internationale de la francophonie, ont résolument contribué à apaiser les inquiétudes et à prévenir une escalade », a déclaré le secrétaire général de l’ONU. Enfin, il dira que la situation socioéconomique des populations du Nord s’est légèrement améliorée.
Aguibou Sogodogo
Le Républicain