Le Sénat a choisi jeudi de saisir la justice, non seulement du cas de l’ancien collaborateur de l’Élysée, Alexandre Benalla, mais aussi de ceux de trois hauts responsables de la présidence et de celui de Vincent Crase.
Nouvel épisode dans le rapport de force entre l’Élysée et le Sénat. Le bureau de la Chambre haute a décidé, jeudi 21 mars, de signaler au parquet de Paris les cas d’Alexandre Benalla, de Vincent Crase et de trois hauts responsables de l’Élysée, dont Alexis Kohler, soupçonnés d’avoir dissimulé la vérité lors de leurs auditions à la chambre haute, a annoncé le sénateur socialiste Victorin Lurel sur Twitter. Une information confirmée à France 24 par la vice-présidente socialiste du Sénat, Hélène Conway-Mouret.
Alexandre Benalla, Vincent Crase et Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, sont soupçonnés de faux témoignage, a précisé l’ex-ministre des Outre-mer. Ce délit est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.
Pour les deux autres collaborateurs du président, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler et le chef du groupe de sécurité de la présidence de la République Lionel Lavergne, le Sénat transmettra la liste des “incohérences” et “contradictions” relevées par la commission d’enquête sénatoriale, qui a rendu le 20 février un rapport accablant, montrant des “dysfonctionnements majeurs” au sommet de l’État, a précisé à l’AFP un des membres du bureau. Au parquet de voir quelles suites donner, ajoute-t-il.
Au terme d’une réunion longue de trois heures, les 26 membres du bureau du Sénat sont allés dans le sens de la commission des Lois, transformée en commission d’enquête, qui avait demandé que la justice soit saisie.
“Un certain nombre d’omissions, d’incohérences et de contradictions”
La commission présidée par Philippe Bas (Les Républicains) avait relevé “un certain nombre d’omissions, d’incohérences et de contradictions” dans leurs déclarations.
Le bureau de la haute assemblée est composé de 10 élus LR, Gérard Larcher y compris, six socialistes, cinq centristes, deux membres du groupe RDSE à majorité radicale, un élu La République en marche, un membre du groupe CRCE à majorité communiste et un indépendant.
Alexandre Benalla a été licencié de l’Élysée en juillet 2018 après la diffusion de vidéos le montrant, casqué, en train de violenter des manifestants en marge des manifestations du 1er Mai à Paris alors qu’il était “observateur” parmi les policiers.
Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie et ancien salarié de La République en marche, se trouvait à ses côtés.
Cet épisode n’a toutefois constitué que “la partie émergée d’un iceberg”, a considéré Philippe Bas, le président de la Commission d’enquête, pour qui les agissements d’Alexandre Benalla ont “affecté” la sécurité du président Emmanuel Macron.
Avec AFP et Reuters