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L’Italie sous le choc s’interroge après le détournement d’un bus avec 51 enfants

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L’Italie, sous le choc, s’interrogeait jeudi sur les circonstances ayant permis au chauffeur d’un bus scolaire d’origine sénégalaise de prendre 51 enfants en otage à Crema (nord), où un carnage a été évité de justesse.

“C’est fou, c’est absurde, ce n’est pas une chose acceptable. Quelqu’un devra payer et cher pour ça, à mon avis”, a déclaré jeudi à l’AFP Filippo Razzini, père d’une élève de l’école fréquentée par ces 51 enfants, restés une quarantaine de minutes sous la menace de leur chauffeur, un Italien d’origine sénégalaise.

“Selon moi c’est bien de retourner à l’école aujourd’hui parce que malheureusement on doit vivre avec ces choses-là de nos jours. Mais si ça ne tenait qu’à moi je serais là dehors à attendre ce monsieur quelque part, mais un jour ou l’autre il sortira”, assure M. Razzini.

“Ma fille était bouleversée hier, elle me disait +maman j’aurais pu y être moi aussi+”, a expliqué pour sa part Luisa Ginelli, une autre parent d’élève.

Tout a commencé en fin de matinée quand Ousseynou Sy, 47 ans, ramasse comme prévu 51 enfants, élèves de 5ème, dans un gymnase pour les reconduire à leur école, un trajet de moins de 3 km.

Il en fera finalement une trentaine, détournant son bus pour prendre la route de l’apéroport de Milan, menaçant les enfants de mort, dans un acte prémédité visant, selon le parquet de Milan, à venger les migrants morts en Méditerranée.

Bloqué sur l’autoroute après l’intervention des carabiniers, alertés par l’un des enfants à bord du bus, il est maîtrisé après avoir incendié son bus, heureusement sans faire de blessé.

C’est un miracle, cela aurait pu être un carnage. Les carabiniers ont été exceptionnels pour bloquer le bus et faire sortir tous les enfants”, a déclaré à la presse le procureur de Milan (nord), Francesco Greco.

Au lendemain de ce qui aurait pu être une véritable tragédie, une question se pose: comment est-il possible qu’un homme ayant eu des problèmes avec la justice, retrait du permis pour conduite en état d’ébriété et accusation de harcèlement sexuel, soit autorisé à conduire tous les jours des enfants à l’école?

Pour le Corriere della sera, la réponse est simple: lors de son embauche, en 2004, il lui a été demandé un extrait de son casier judiciaire, vierge à l’époque, et depuis plus rien, ce qui est parfaitement légal.

– un homme “très seul” –

“Paolo? On l’appelait tous comme ça car son nom était trop compliqué. Je le voyais sortir tôt tous les matins, il conduisait un bus. Un homme tranquille mais très seul”, raconte sa voisine, citée par La Stampa.

Ousseynou Sy a obtenu la nationalité italienne en 2004 à la suite d’un mariage avec une femme de cette région du nord de l’Italie avec laquelle il a eu deux fils et dont il s’est séparé.

La séparation est à l’origine de tous les problèmes d’Ousseynou”, affirment ses collègues chauffeurs cités par le quotidien La Repubblica.

“Il était avec nous depuis 15 ans. Il avait commencé en s’occupant de la propreté puis avait été promu chauffeur”, explique Luca Lanzanova, un responsable de la société pour laquelle il travaillait.

“Au cours de ces années, nous n’avons jamais noté des signes de déséquilibre (mental, ndlr) et nous n’avons jamais reçu aucune plainte le concernant”, a ajouté M. Lanzanova.

Un autre responsable a précisé que Ousseynou Sy “a subi les contrôles périodiques que font tous les chauffeurs et rien n’est apparu”.

L’homme avait vu cependant son permis de conduire suspendu en 2007 pour conduite en état d’ivresse mais il s’était bien gardé d’en parler à la société qui l’employait de sorte que personne n’a jamais rien su, explique la presse.

Autre fait troublant, il a également été condamné à un an de prison avec sursis en 2018 pour “harcèlement sexuel” sur mineure.

Il est désormais accusé de “prise d’otages, massacre et incendie” avec la circonstance aggravante de “terrorisme” et les autorités de Rome étudient la possibilité de lui retirer la nationalité italienne, sur demande pressante du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, également patron de la Ligue (extrême droite).

AFP

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