Le dernier bilan de l’attaque du camp militaire de Diouara, à mi-chemin entre Tenenkou et Nampala, le 17 mars dans le centre du Mali, est de 23 soldats tués et 17 blessés. Il serait perpétré par des dizaines d’assaillants à motos et en véhicules lourdement armés. Des militaires portés disparus s’étaient réfugiés dans des villages voisins distants d’une vingtaine de kilomètres pour échapper à l’assaut. Mais comment et pourquoi une telle attaque d’envergure a visé le camp de Diouara, une plateforme militaire censée lutter contre le terrorisme et le banditisme ?
Au regard des violences intercommunautaires et des actes de banditisme récurrents au centre du Mali, la sécurisation des régions de Mopti et Ségou est devenue problématique. Pour y faire face, l’Etat du Mali a vu la nécessité de se doter d’un Plan de sécurisation intégré des régions du Centre (PSIRC). Ce plan stratégique doit assurer la présence et l’opérationnalité de l’administration publique à tous les niveaux, coopérer internationalement pour mieux agir localement, lutter contre la prolifération des armes légères, lutter contre le trafic illicite de drogues et la criminalité organisée, coordonner, suivre et évaluer la stratégie de lutte contre l’insécurité et le terrorisme.
Structuré en volets Sécurité, Gouvernance, Développement socio-économique et Communication, le PSIRC entend implanter sur le découpage administratif des pôles sécurisés de développement et de gouvernance. Dans la région de Mopti, les localités de Mopti, Koro, Bankass, Djenné, Douentza, Youwarou et Tenenkou sont concernées. Celles de la région de Ségou sont Nampala, Monimpebougou, Inter-fleuve (Souley, Matomo) Niono-Sokolo-Doura, Timissa- Koua- Benena- Mandiakuy).
Pour les initiateurs, la mise en œuvre diligente du PSIRC devra améliorer de façon significative les conditions de sécurité des régions du centre, telles que le renforcement du dispositif sécuritaire, gage de tout renforcement de l’autorité de l’Etat sur le terrain et, la prise en compte des questions de gouvernance et de développement socioéconomique.
Ce qui est malheureusement loin d’être le cas, d’autant que les attaques terroristes meurtrières perdurent dans les régions du centre. Sévaré en juin 2018, Aguelhok en janvier 2019, Diouara ce 17 mars. Des attaques récurrentes qui ciblent à la fois les forces armées et de sécurité maliennes, les éléments de la mission onusienne, les autorités administratives et la population. Une situation périlleuse faisant vivre les populations de plusieurs localités du centre dans des sévices et menaces terroristes interpellatrices. L’Etat et ses partenaires étrangers (Barkhane, Minusma) font-ils vraiment cause commune pour endiguer le phénomène du terrorisme dans les régions du centre. Ou bien, est-ce l’échec même du PSRIC qui est à déplorer ?
Gaoussou M. Traoré
Le Challenger