Dans les coulisses depuis trois semaines environ, la marche tant entendue du Collectif des Associations Musulmanes du Mali s’est finalement transformée en un meeting qui n’a pas tenu ses promesses. Faute de mobilisation, la montagne a forcément accouché d’une souris.
Pis, Mohamed Kimbiry, membre influent du Haut Conseil Islamique du Mali, n’a échappé au lynchage de la foule que grâce aux forces de l’ordre, quand il a avoué que «des négociations ont permis d’annuler la marche au profit d’une déclaration» sans être précis sur la qualité des négociateurs ni sur les raisons ayant motivé le renoncement de dernière heure du collectif. Les manifestants soupçonnent plutôt leur leader d’avoir accepté un pot-de-vin du régime IBK, mais la vraie raison du revirement pourrait résider dans une mobilisation largement en deçà des précédents rassemblements du collectif à l’appel du même M. Kimbiry. Même si ce dernier a tenté d’expliquer la faible mobilisation par une cacophonie autour de l’heure et du lieu de convergence. En effet, selon lui, certains ont cru que c’était le matin, tandis que d’autres tablaient sur l’après-midi après la prière du vendredi. Et d’aucuns se sont tout simplement trompés de lieu du rassemblement et se sont dirigés à la Place de la Liberté».
Les justifications ne paraissent pas tenir, et pour cause : non seulement le collectif n’est pas à sa première expérience mais aussi elle a disposé de trois longues semaines pour bien communiquer à travers les réseaux sociaux.
Néanmoins, dans une déclaration rendue publique sur place, le Collectif a motivé sa démarche par les dysfonctionnements constatés au sein de l’école malienne avec des grèves à répétition, des violences estudiantines et la baisse catastrophique des niveaux entre autres. Aux yeux de ces membres, explique M. Kimbiry, le système éducatif malien actuel jure avec les «valeurs de travail et de sacrifice» et s’est ainsi retrouvé dans un état calamiteux.
D’un ton ferme, il a par ailleurs rassuré de la volonté de son collectif a assumer sa responsabilité dans la gestion de la crise scolaire tout en expliquant que la fonction d’enseignant est un sacerdoce, un métier si exigeant qu’aucune rémunération ne peut récompenser la juste valeur. Et d’appeler l’Etat à faire face à sa mission et à son rôle avec courage et fermeté dans la gestion de la crise scolaire. M. Kimbiry, tout en déplorant la banalisation de cette crise entre l’Etat et les syndicats, a qualifié la posture des enseignants d’anti-pédagogique pour avoir refusé d’évaluer leurs apprenants ou rétention leurs notes d’examen.
Amidou Keita
Le Témoin