Le samedi 23 mars dernier, une violente irruption des hommes lourdement armés dans le village d’Ogossagou dans le cercle de Bankass en région de Mopti, fait un bilan de 160 morts. Vingt quatre heures après l’attaque la plus meurtrière au Mali, les autorités prennent l’affaire au sérieux. L’Association Dan Na Ambassagou est dissoute en conseil des ministres extraordinaire du dimanche 24 mars. Une réaction du gouvernement mal comprise du fait d’une vaste campagne de désinformation savamment orchestrée par des mains invisibles. Nous levons le voile en dix points.
1-Qui a attaqué Ogossagou ?
Jusqu’ici, les auteurs de cette attaque barbare et inhumaine n’ont pas été identifiés par les services de sécurité et même les populations sur place. Il est cependant difficile de faire porter le chapeau de ce massacre aux chasseurs dogons qui d’ailleurs, rejettent en bloc en être auteurs. Seul bémol, les quelques rescapés de la tuerie d’Ogossagou rapportent avoir vu parmi les assaillants des hommes vêtus en tenue traditionnelle donzo. Ce qui ne suffit pourtant pas pour tirer une conclusion car les vrais donzo connus de la zone portent des fusils traditionnels alors que ceux qui ont attaqué Ogossagou détenaient des armes de guerre.
2-Qui a été visé par les tueurs d’Ogossagou ?
La tuerie à Ogossagou n’a pas fait que de victimes peulhs. Le Chef du village qui est de l’ethnie dogon, a été lui aussi tué le même jour par les mêmes assaillants. Ce qui complique davantage toute tentative d’ethniciser l’horreur.
3- Le mode opératoire ?
Selon les témoignages des rescapés et des autorités locales, les assaillants d’Ogossagou, habillés en boubous traditionnels de chasseurs donzo, sont arrivés sur plusieurs engins à deux roues.
Une fois sur place, les assaillants ont usé de toutes sortes d’armes de guerre en leur possession, sans distinction de sexe et d’âge des habitants d’Ogossagou. Bétail, greniers, cases et hangars ont été brûlés par les assaillants qui semblent génocidaires. Un procédé similaire qui se prête à ceux vécus ailleurs à travers l’Afrique de l’Ouest.
4-Qu’a fait l’Etat ?
Vingt quatre heures après la tuerie la plus impitoyable de l’histoire du Mali, un conseil des ministres extraordinaire est convoqué à Koulouba sous la Présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, Chef de l’Etat.
A cet effet, le Conseil des ministres a adopté un projet de décret portant dissolution de l’association DAN NA AMBASSAGOU. Pour les plus hautes autorités, l’association DAN NA AMBASSAGOU s’est, depuis un certain temps, écarté de ses objectifs initiaux, c’est-à-dire, l’auto-défense et la sécurisation locale.
5-L’Etat autorise-t-il la création d’une milice ?
Contrairement à ce que rapportent les réseaux sociaux et certains médias, le gouvernement malien n’a jamais dissout une milice qui, à la limite, ne se crée pas sur la base d’un acte administratif délivré. C’est seulement, conformément aux dispositions de la loi que le récépissé dont dispose DAN NA AMBASSAGOU à l’origine associatif, a été abrogé. Il faut cependant faire la différence entre la dissolution d’une association légalement constituée et une milice.
6-DAN NA AMBASSAGOU suspect ?
Partant du seul fait que, depuis 2016, à la suite d’attaques armées par de présumés jihadistes dans le pays dogon, la milice DAN NA AMBASSAGOU s’est organisée avec l’alliance des confréries des chasseurs locaux, pour défendre le pays dogon, plusieurs regards sont tournés vers ce mouvement. Mis à part, aucune confrérie de chasseurs dogons n’a revendiqué cette barbarie injustifiable et aucun donzo n’a été trouvé sur le terrain.
7-Y a-t-il d’autres milices sur le terrain à part DAN NA AMBASSAGOU ?
Avec l’insécurité grandissante, la région de Mopti a connu deux milices communautaires depuis trois ans. Si la date de la fondation de la milice DAN NA AMBASSAGOU part de 2016, en 2018 déjà, une milice peulh se revendiquant de TABITAL PULAKU s’est installée à Sévaré et Douentza, dirigée par Sékou Bolly.
8- Que font les milices ?
Les deux milices communautaires de la région de Mopti, DAN NA AMBASSAGOU et celle de Sékou Bolly qui ont vocation à défendre leurs communautés respectives connaissent l’adversité des présumés jihadistes à la solde de Hamadoun Kouffa. Cette constitution de milices armées dans le centre du Mali imite visiblement le nord où chaque communauté dispose d’une sienne, mais presque toutes, reconnaissent l’unité nationale, la forme laïque et républicaine du Mali. Ce qui élimine toute velléité de belligérance avec l’Armée nationale.
9- Attaque jihadiste ou règlement de compte ?
En tout état de cause, toutes les analyses écartent les hypothèses pouvant étayer l’implication de l’Armée malienne qui a vocation à protéger les citoyens. Rares sont les indices qui laissent penser que ce sont des jihadistes peulhs qui s’en prennent à leur propre communauté. Mieux, les confréries de chasseurs connaissent l’adhésion de plusieurs peulhs, opposés aux jihadistes de la zone et prônant la sécurité locale. Et à Ogossagou, il n’y a pas que de peulhs qui ont été tués.
10- Le Mali envahi par des mercenaires étrangers ?
De mains invisibles ont, pendant des crises politiques similaires, fait infiltrer dans plusieurs pays africains, des mercenaires étrangers chargés de tuer des membres des communautés sans distinction de groupes d’âge et de sexe, pour semer les germes d’un chaos servant à alimenter des entreprises criminelles.
La Rédaction
L’Observatoire