Dioura, le dimanche 17 mars, puis Ogossagou le samedi suivant ; plus de 200 morts en une semaine. Et le feuilleton du décompte macabre n’est pas près de s’arrêter, parce que rien n’est fait en notre connaissance, qui puisse freiner la bêtise humaine au centre de notre pays, jadis connu et reconnu pour son panorama plutôt pittoresque, son paisible peuplement, ses reliefs et une végétation qui forcent le tourisme et l’admiration. A cause d’un relâchement total que les ressortissants ont appelé « abandon de l’Etat », ce vaste champ de rêves est devenu aujourd’hui un terreau du crime organisé, de la désolation, de la peur et de la destruction de masse.
Oui, le gouvernement n’est pas resté dans l’immobilisme, car le Mali peut désormais lever des avions, la loi de la programmation militaire est dans sa phase active (une panacée ?), 4000 hommes seront déployés au centre, en plus, nous avons chez nous la France et les Nations-Unies, avec leurs Barkhane et Minusma, jugées plus efficaces que Serval et Misma d’autrefois… Mais, a-t-on empêché le rouleau compresseur des extrémistes religieux de s’étendre du nord au centre ? A t-on canalisé ce conflit et éviter que les attaques djihadistes attribués à la katiba du Macina, créent un éboulement au relent ethnique, poussant les communautés à s’affronter, commettant 500 morts en 2018 et plus de 200 morts, rien que la semaine dernière (du 17 au 23 mai 2019) ? Enfin, a-t-on vraiment connaissance de mesures prises, après l’attaque meurtrière de Dioura, qui permettent de s’assurer que les djihadistes seront en péril désormais, en attaquant nos FAMa ? La réponse est malheureusement négative.
Le massacre de 23 militaires maliens du camp de Dioura est un drame que le Mali vit dans sa chaire ; et que dire de l’attaque meurtrière du village d’Ogossagou, un crime de guerre ou contre l’humanité ? Hommes et femmes, jeunes, vieilles personnes et enfants, personne au village n’a été épargné. Tout le monde refuse de croire que cela est ce qu’est devenu notre Mali. Nous devons chercher l’anguille sous roche et la traquer jusque dans son dernier retranchement. Les djihadistes ne s’en cachent pas ; les dogons veulent aussi leur milice pour se défendre en l’absence de l’armée ; mais épargnez la vie des peuls neutres dans cette folle histoire !
B. Daou
Le Républicain