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Massacres d’Ogossagou : Des experts de l’ONU mettent en garde le gouvernement malien

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Deux experts des Nations Unies ont lancé jeudi une mise en garde au gouvernement malien et à la communauté internationale leur demandant de s’attaquer immédiatement à la grave montée de violence à caractère ethnique qui sévit actuellement au centre du Mali.

Le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng, et l’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine, se sont dit profondément inquiets de l’attaque, le 23 mars 2019, du village d’Ogossagou, dans la région de Mopti, durant laquelle au moins 134 civils ont été tués et au moins 55 autres personnes blessées.

Il s’agit de la quatrième attaque majeure depuis le début de l’année contre des villages Fulani/Peulhs dans le cercle de Bankass.

Le Bureau du Conseiller spécial a dit avoir reçu des informations faisant état d’une grave recrudescence de la violence intercommunautaire ainsi que de l’impact négatif des opérations de lutte contre le terrorisme menées par des groupes armés à base communautaire sur la population civile de la région.

Un conflit à caractère ethnique

« Le conflit dans le centre du Mali a un caractère ethnique qui va en s’accentuant, résultant en des communautés entières stigmatisées comme terroristes ou comme affiliées à des groupes armés », a dénoncé Adama Dieng dans un communiqué de presse.

Selon lui, cette dynamique n’est pas suffisamment reconnue ni par les autorités nationales ni par la communauté internationale, qui se focalisent principalement sur le processus de paix dans le nord et sur la menace posée par les mouvements djihadistes.

«Ces derniers mois, la violence a atteint un niveau sans précédent avec de violentes représailles et de graves violations des droits de l’homme dans le centre du Mali, affectant toutes les communautés. A moins qu’une réponse ne soit immédiatement apportée à cette situation préoccupante, il y aura un risque élevé que la situation se détériore ultérieurement et que des atrocités criminelles puissent être commises », a déclaré M. Dieng.

Pour prévenir une nouvelle escalade de la violence, le Conseiller spécial exhorte le gouvernement malien, avec le soutien de la communauté internationale, y compris la Mission des Nations Unies (MINUSMA), à s’attaquer immédiatement à la grave montée de violence qui sévit actuellement au centre du Mali et à assurer, sans délai, la protection ainsi que l’assistance nécessaire aux populations vulnérables.

« J’appelle le gouvernement malien à enquêter de toute urgence et à poursuivre en justice les auteurs des récentes attaques ainsi que les responsables de graves violations des droits de l’homme », a déclaré M. Dieng.

Le Conseiller spécial a également appelé les autorités et tous les Maliens à empêcher et à prévenir la stigmatisation des communautés. Il a dit que son bureau était prêt à apporter son soutien aux processus de réconciliation locale et de dialogue intercommunautaire, dans le but de promouvoir l’inclusion, le renforcement de la résilience et la cohésion sociale.

Appel à un sommet de l’Union africaine et de la CEDEAO

L’expert indépendant Alioune Tine a également estimé que la recrudescence de la violence communautaire au Mali doit être suivie d’une nouvelle action internationale pour mettre fin à l’effusion de sang.

« La protection de la vie et le bien-être des civils sont en jeu. J’appelle toutes les forces de sécurité sur le terrain, ainsi que les forces armées maliennes et la force des Nations Unies MINUSMA, à redoubler d’efforts pour protéger les civils », a dit M. Tine dans un communiqué de presse.

L’expert s’est dit préoccupé par la création de groupes armés d’autodéfense dans les communautés dans la région. « L’augmentation du nombre de ces groupes au cours des quatre dernières années, dont certains violents et extrémistes, ainsi que la destruction des systèmes traditionnels de résolution des conflits et la présence limitée de l’État malien ont entraîné la détérioration de la situation sécuritaire, qui a nui à la jouissance des droits fondamentaux par les habitants de la région », a-t-il noté.

Dans ce contexte, M. Tine estime qu’il « est essentiel que ces tensions intercommunautaires soient résolues de toute urgence si l’on veut éviter le risque de crimes contre l’humanité ».

« J’appelle l’Union africaine et la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à organiser un sommet pour tenter de trouver des solutions », a-t-il conclu.

La Rédaction

L’Aube

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