Les dirigeants nationalistes corses ont déploré mardi le “déni de réalité” d’Emmanuel Macron qui doit se rendre sur l’île jeudi, et estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour qu’ils participent au grand débat auquel le président doit prendre part.
“Je ne pense pas qu’en l’état, le président de la République ait substantiellement modifié les termes de l’équation”, a déclaré mardi matin sur CNews le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, réagissant à la publication mardi par Corse-Matin d’une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle le président se dit “disponible et volontaire” pour débattre avec les élus corses.
“Il y a des éléments d’évolution dans le discours du président de la République, ils sont incontestables” mais “il y a quand même une forme de continuité à notre avis regrettable dans le refus de prendre en considération un certain nombre d’éléments”, a-t-il ajouté.
Rappelant qu’il était favorable à un statut d’autonomie pour la Corse, M. Simeoni a jugé que “ça changerait beaucoup de choses” si Emmanuel Macron prononçait ce mot “d’ici jeudi”. Mais “ce n’est pas la potion magique”, a-t-il tempéré: “Un certain nombre de marqueurs politiques aussi importants que celui-là, qui sont des marqueurs qui respectent les valeurs de la République, auraient dû être avancés pour créer les conditions d’un véritable débat”.
“Lorsqu’on lit l’interview, on ne voit pas le moindre élément d’ouverture et encore moins d’avancée dans le sens du projet pour lequel nous avons été élus”, a également affirmé à l’AFP le président indépendantiste de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, jugeant que M. Macron faisait preuve d’un “déni de réalité” et confirmant l’appel à “une île morte” jeudi de 12H00 à 18H00 lancé par la coalition nationaliste Pe a Corsica, pendant le temps du grand débat national à Cozzano (Corse-du-Sud).
“Nous maintenons cette idée de mobilisation massive, pacifique, déterminée parce qu’il faut faire comprendre par les moyens qui sont les nôtres, qui sont ceux de la démocratie, qu’on ne peut pas (…) traiter les aspirations du peuple corse (..) par le silence ou le déni”, a renchéri M. Simeoni.
“Il y a de notre côté une volonté de tourner définitivement la page de la logique du conflit”, a-t-il également assuré, jugeant que les tentatives d’attentats lundi à Bastia et les différents plasticages de villas depuis début mars dans l’île “particip(ai)ent d’un climat qui est en train de se dégrader”.
AFP