Après les concessions mitigées du pouvoir devant la grogne populaire, le feuilleton de la grogne populaire déclenché par la candidature d’Abdel Aziz Bouteflika ne s’est point estompé. Il est repartie de plus belle à Alger ainsi que dans d’autres grandes villes algériennes où les centaines de milliers de manifestants ne veulent apparemment rien entendre en dehors d’un changement du régime. Lequel régime se débat de la tête et des épaules pour résister à une vague «dégagiste» massivement soutenue dans les rangs d’étudiants, de magistrats, d’avocats, entre autres. Bref, toute la crème de l’élite algérienne. Le pouvoir sortant ne désespère pas néanmoins de contenir la vague et s’est illustré à travers une nouvelle offre politique : le renoncement à un 5 ème mandat pour le président de la République visiblement transfiguré et métamorphosé en loque humaine par l’âge et la maladie. Très peu alléchante comme offre aux yeux des masses qui sont sorties pour la énième fois, les semaines suivantes, en promettant de remettre ça autant de fois qu’il faudra pour obtenir un schéma différent du tripatouillage constitutionnel que leur propose le nouveau Premier premier, à savoir : prolonger le mandat en cours au nom d’un besoin de réforme institutionnel.
Mais cet autre marché n’a guère agréé la rue algérienne par ailleurs déterminée à ne point se laisser prendre par la guerre d’usure. En atteste le maintien de la cadence des protestations en dépit de cette autre concession ultime : le lâchage du président Bouteflika par le dernier carré de fidèles.
Autant dire qu’entre la population très acquise au changement et le pouvoir sortant – dont les composantes jouent leurs survies et la protection de leurs arrières- le bras-de-fer a de beaux jours devant lui . A qui reviendra le dernier mot ? Difficile de le dire, mais tout indique que l’épisode algérien du Printemps Arabe – en termes d’impacts et de ruissellement – pourrait présenter des similitudes avec la partie déjà jouée en Libye en 2011. Certes l’Algerie se distingue de la Libye par l’absence d’ingérence occidentale visible, mais le syndrome d’un changement désordonné hante ce pays où la présence de cellules dormantes de l’islamisme radical n’est un secret pour personne. Pas plus que le noyautage du système par des contingents militaires aux intérêts sordides et dont les ramifications s’étendent jusqu’au Mali où ils entretiennent des connexions évidentes avec des groupuscules armés et réseaux de trafics illicites.
Des connexions et tentacules évidentes avec des groupuscules d’intérêts illicites communs.
Si la partie devait tourner à la bouillabaisse incontrôlée et à l’embrasement sur fond de résistance existentielle, un éclaboussement de notre pays est inévitable. C’était le cas en tout cas avec crise libyenne, qui ont transformé le septentrion en entrepôts d’armes et de munitions issues des poudrières de Tropoli et qui ont servi au déclenchement de la rébellion de 2011-2012 avant de déboucher sur la crise malienne. Mais la donne actuelle s’annonce beaucoup plus périlleuse dans un contexte où la menace d’expansion islamiste se mêlent aux éventuels appétits sécessionnistes transfrontaliers alors que le territoire est plus un espace non-droit avec la longue absence de l’Etat. En définitive, si la libyenne et la chute de Kadhafi a plongé le Mali dans une décennie de crise, quel peut être l’impact des tribulations et incertaines chez le plus proche voisin.
A KEÏTA
Le Témoin