Jusqu’alors président du Conseil de la Nation, la chambre haute algérienne, Abdelkader Bensalah a été nommé président par intérim du pays ce mardi, conformément à la Constitution.
Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a été nommé mardi 9 avril président par intérim, pour 90 jours, lors d’une réunion du Parlement algérien selon la télévision nationale.
Cette décision est conforme à ce que prévoit la Constitution. Mais elle va à l’encontre de ce que réclament les Algériens qui continuent massivement à manifester pour réclamer le départ de l’ensemble du « système » Bouteflika, dont M. Bensalah est issu.
Cette nomination arrive une semaine après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril, sous la pression conjuguée de la rue et de l’armée.
TV nationale
Vendredi, jour de manifestations hebdomadaires depuis plus d’un mois, les Algériens ont de nouveau défilé en masse pour exiger que soient exclus du processus de transition les hommes clés du « système ». Un trio a été particulièrement visé : Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaïz (le président du Conseil constitutionnel) et Noureddine Bedoui (le premier ministre).
Trouver « un homme consensuel »
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP, 34 députés sur 462), principal parti islamiste et longtemps soutien du camp Bouteflika avant de rompre en 2012, avait indiqué qu’il boycotterait mardi la session parlementaire, refusant de « valider la désignation d’Abdelkader Bensalah comme chef de l’Etat par intérim », car « contraire aux revendications du peuple ».
En revanche, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, de facto le nouvel homme fort du pays, avait exigé que la succession de M. Bouteflika se fasse dans le strict cadre de la Constitution.
Celle-ci prévoit que le président du Conseil de la nation transmette le pouvoir avant l’expiration d’un délai de 90 jours à un nouveau chef de l’Etat élu lors d’une présidentielle. Le mouvement de contestation réclame, lui, de sortir de ce cadre pour mettre sur pied des institutions de transition permettant d’engager des réformes profondes et d’organiser des élections libres.Notre sélection d’articles pour comprendre la contestation en Algérie
La démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril, est une humiliante capitulation face à une population en révolte depuis la fin février. Le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.
Le Monde