Une marée humaine était dans la rue le vendredi dernier à Bamako à l’appel de l’imam Mahamoud Dicko et du Chérif de Nioro. En plus des messages inscrits sur les pancartes pour demander la démission du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, les manifestants dénonçaient également la mauvaise gestion, l’insécurité, la vie chère, la crise scolaire, et réclamaient le départ de la Minusma et des forces françaises.
Ce genre de rassemblement à l’appel des deux grandes personnalités religieuses dans notre pays est une chose à prendre au sérieux par le président de la République. Car personne ne sait où est-ce que la colère des partisans de ces deux hommes, qui sont incontestablement les plus puissants, s’arrêtera. Ce qui est sûr, c’est que la mobilisation du vendredi dernier contre le régime laisse à croire qu’il y a un mécontentement général dans le pays et cela 6 mois seulement après l’élection du président de la République.
Après cette démonstration de force de Mahamoud Dicko et du Chérif de Nioro et leurs partisans, IBK va-t-il enfin céder en limogeant son Premier ministre ? Difficile de répondre à cette question. Mais ce qui est certain, c’est que le message du peuple a été très clair. C’est au président de la République de saisir l’occasion pour une décrispation totale de la situation, en prenant la décision qui va dans l’intérêt du peuple et non d’une seule personne. Il doit savoir que le dernier mot revient toujours au peuple. Par conséquent, un dialogue national s’impose à lui, pour ramener le peuple sur le chemin de la paix et de la cohésion sociale.
Selon toute vraisemblance, IBK n’est pas dans la logique de faire chemin avec ses adversaires religieux en satisfaisant leurs doléances. Puisqu’après la marche du vendredi, il a rencontré, le samedi, la ligue des imans et érudits du Mali. C’est une bonne chose, mais il devrait en toute responsabilité aussi chercher à rencontrer les initiateurs de la marche, pour calmer le jeu.
Au cours de cette rencontre avec la ligue des imans et érudits, le président de la République déclarait : «Je me réjouis d’abord que les imams du Mali aient souhaité me rencontrer, et surtout au lendemain d’une journée d’effervescence autour de laquelle beaucoup de choses ont été entendues parmi lesquelles certaines déclarations fortes, certains slogans et surtout des déclarations désobligeantes pour nos amis en souci du Mali aujourd’hui, tous ceux-là qui sont aujourd’hui à nos côtés pour combattre le terrorisme au Mali. Et j’ai tenu donc à attirer l’attention des Maliens, à travers les imams, sur ce fait très simple, qui est un principe de criminologie très simple, à qui profite le crime ? Qui est gêné par la présence de la Minusma et des troupes françaises ?».
Dans son intervention, IBK poursuit encore en ces termes : «…nous demandons à nos concitoyens de nous faire confiance, nous sommes en mission de protection du pays, en mission de défense du pays et nous y sommes attelés par toutes les voies, par tous les moyens, c’est de ça qu’il s’agit et c’est ça la vérité. Tout autre discours est mensonger et poursuit d’autre but. Il appartient aux Maliens d’ouvrir les yeux pour comprendre de quoi il s’agit. Nul n’arrivera à subvertir le Mali, à le prendre de l’intérieur, nul !»
Selon plusieurs observateurs, ce genre de discours au lendemain de la grande marche à l’appel de l’Imam Dicko et Cherif de Nioro n’est pas de nature à apaiser la situation et à répondre aux doléances de l’Imam Dicko et ses partisans.
Diango COULIBALY
Le Reporter