L’opposition parlementaire a déposé, le mercredi 10 avril, une motion de censure contre le Premier ministre et son gouvernement. Le dépôt de cette motion intervient après la grande marche du vendredi dernier, où des centaines de milliers de citoyens ont réclamé le départ de Soumeylou B Maïga.
L’étau semble-t-il se resserrer autour du PM ? On est tenté de répondre par l’affirmative. Déjà visé par les récriminations de l’opposition et d’une large partie de la société civile, Soumeylou Boubèye Maïga est désormais dans le collimateur d’un groupe de députés composés d’élus de l’opposition et de la majorité. Ces derniers (députés de la majorité) s’apprêteraient ainsi à joindre leur voix à la motion de censure déposée, le mercredi 10 avril dernier, par l’opposition, réclamant la démission du Premier ministre. Cette motion de censure intervient dans un climat très tendu, après la grande mobilisation à l’initiative du duo M’Bouillé-Dicko. Aussi, la motion de censure contre le Premier ministre intervient quelques semaines après les massacres d’Ogossagou et l’attaque de Dioura. Au même moment, le front social est suffisamment surchauffé avec des grèves à répétition, notamment dans le secteur de l’éducation. Bref ! Le gouvernement dirigé par Soumeylou B Maïga est à la croisée des chemins !
Pourquoi cette motion de censure ? L’opposition reproche au Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga et à son gouvernement d’être « incapables de résoudre les problèmes urgents de l’heure ».
Sept mois seulement après l’élection d’IBK, le pays s’enfonce dans une crise économique, sociale, politique sans précèdent. Un avis que semble partagé plusieurs ténors de la majorité présidentielle.
Ainsi, Mamadou Diarrassouba, membre du RPM et questeur de l’Assemblée nationale, a expressément demandé le remplacement du gouvernement par une nouvelle équipe dont la base politique et sociale serait élargie. « Le gouvernement doit être revu afin d’élargir sa base sociale. Il ne peut pas nous conduire aux réformes. Nous l’avons dit depuis des mois. Transmettez le message à qui de droit ». C’est ce seul message qu’il avait adressé au ministre en charge de la sécurité. Celui-ci avait été interpellé à l’Hémicycle, le 3 avril derniers, pour s’expliquer sur les massacres d’Ogossagou.
D’autres députés de la majorité présidentielle se sont exprimés dans le même sens en sollicitant l’ouverture d’un dialogue national. Pour eux, il faut rapidement rassembler les Maliens afin de trouver des solutions sur la façon de gouverner le pays.
Par ailleurs, Soumeylou Boubèye Maïga est pointée du doigt dans la crispation du climat politique et social du pays. La marche des religieux, le vendredi dernier, en est l’illustration. S’y ajoute d’autres foyers de tension avec certains syndicats, notamment ceux de l’enseignement et des DFM. Déterminée à ne pas « aller au suicide » avec le Premier ministre et son équipe, des députés de la majorité ont t ils décidé de lâcher leur gouvernement ? S’achemine-t-on vers le vote de la motion de censure de l’opposition par les députés de la majorité pour débarquer Soumeylou Boubèye Maïga ? Deux questions qui sont posées.
Cette nouvelle motion de censure est la quatrième contre un chef de gouvernement depuis l’accession d’Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir en 2013. En effet, Moussa Mara, premier ministre de 2014 en 2015 a échappé à deux motions de censures. Son successeur à la primature, Modibo Keita a fait aussi face à une motion de censure le 16 décembre 2016. Motion déposé par les deux groupes parlementaires de l’opposition à l’Assemblée Nationale qui dénonçaient déjà l’incapacité du gouvernement à faire face aux défis sécuritaires, économique et sociaux du pays.
Mémé Sanogo