L’école malienne est plus que jamais dans la tourmente à cause de l’incapacité du régime à résoudre la crise scolaire qui paralyse l’école depuis plus de 3 mois. Aussi, les syndicats de l’enseignement viennent de déposer un nouveau préavis de grève de 23 jours. Et pour se faire entendre les enseignants et plusieurs associations de la société civile ont organisé, hier jeudi , des manifestations à travers tout le pays.
Depuis le début de l’année, l’école malienne est secouée par des grèves répétitives. Si, ce ne sont les enseignants qui débrayent ce sont les élèves qui désertent les classes.
Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), après plusieurs grèves, ont encore décidé d’observer une grève de 23 jours soit 552 heures. Cette grève commencera à partir du lundi 15avril prochain. Elle sera accompagnée de rétention des notes avec effet immédiat, c’est-à-dire à partir de la date de dépôt du préavis.
Les points de désaccords sont au nombre de trois (3) entre la partie syndicale de l’enseignement et celle du gouvernement. Le collectif des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 a suspendu toute négociation avec la partie gouvernementale suite au blocage des salaires des enseignants grévistes. Le regroupement syndical se dit déterminé à aller jusqu’au bout pour obtenir satisfaction.
Pour les enseignants, la reprise des négociations seraient possibles dès que les salaires seront débloqués. .Pour manifester contre la crise scolaire et dénoncer l’indifférence des autorités, des milliers d’enseignants sont descendus dans la rue hier lors de marches conjointes à travers tout le pays
A propos de cette marche, le Secrétaire général du SYPESCO, Adama Fomba, a déclaré que « elle a été initiée pour alerter l’opinion sur la situation que traverse l’école ». Déclinant à l’avance toute responsabilité des syndicats, il a soutenu que« une éventuelle année blanche au Mali serait de la responsabilité du gouvernement. S’il arrivait que le gouvernement plonge l’Ecole malienne dans une année blanche, la lutte reprendrait dès l’ouverture prochaine.
L’Année scolaire compromise
Les parents d’élèves, pour qui les grèves sont également très déplorables, se désolent de la non résolution de la crise, qui n’a que trop duré. Certains pensent même que l’État ne prend pas très au sérieux les revendications des syndicalistes, vu que les mêmes doléances, qui ne datent pas d’aujourd’hui reviennent à chaque fois. « Ce qui est désolant, c’est de voir des enfants, même si c’est une dizaine, qui ne vont pas à l’école pendant que les autres continuent. Si ce rythme perdure au niveau du second cycle, ce sera la catastrophe aux examens, parce que les sujets ne sont pas choisis en fonction des jours non travaillés », s’alarme Yacouba Lamine Dembélé, Secrétaire général de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves du Mali. Une fédération qui fait partie de la commission de conciliation mise en place pour mener les négociations. « Par rapport à la situation actuelle, nous demandons simplement une certaine flexibilité de la part des uns et des autres, parce que, dans une négociation de ce genre, il faut faire des concessions », souligne M. Dembélé.
Pour l’Association des parents d’élèves, si la grève est un droit, les portes de la négociation doivent rester ouvertes. Les parents d’élèves demandent aux enseignants de surseoir à cette grève et de reprendre les débats pour sauver l’année scolaire. L’APE déplore tout de même l’intransigeance des enseignants qui s’agrippent à 3 points sur 10. « Je pense qu’ils sont eux aussi parents d’élèves. Ils doivent savoir raison garder et accepter des compromis parce que nous nous acheminons vers une année blanche », martèle Djoukamady Sissoko de l’Association des parents d’élèves.
Autre association de parents d’élèves à s’élever contre cette situation :». C’est du moins ce qu’affirme le collectif national des parents d’élèves et étudiants du Mali. Selon ses responsables, le gouvernement affiche « une mauvaise volonté » dans la résolution des revendications des enseignants.
Les élèves, qui subissent de plein fouet l’arrêt des cours dû aux grèves répétées de leurs enseignants, aussi expriment leurs inquiétudes. Entre l’incapacité d’aller à l’école tout comme leurs camarades du privé et la persistance d’une situation qui ne semble pas présager d’un dénouement heureux, ils se sentent de plus en plus lésés. « Je suis très inquiet. Nous venons chaque matin voir s’il y aura des cours ou pas, mais toujours rien. Je ne connais pas l’objectif des professeurs, mais la grève a beaucoup de conséquences. Ce sera compliqué pour nous si nous ne parvenons pas à suivre normalement nos cours avant les examens », déplore Alou Kanté, élève en TSEco au Lycée Mamadou Sarr. « Je pense qu’il est temps que les professeurs arrêtent de faire grève, parce que bientôt c’est le trimestre. Nous n’avons pas de leçons dans nos cahiers alors que les autres suivent les cours. Nous, nous restons à la maison à ne rien faire », lance pour sa part Djouma Keita, élève en 11ème année dans le même lycée, visiblement très affectée par la situation.
Rappelons qu’il s’agira de la cinquième grève des enseignants depuis le début de l’année scolaire 2018-2019. A deux mois des examens ou de la fin de l’année, les élèves commencent à perdre espoir. Au rythme où vont les choses, l’on est en droit de demander ce que l’avenir réservera aux élèves.
Mémé Sanogo
L’Aube