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Pourquoi Macron est le seul Européen à s’opposer au nouvel accord commercial avec les Etats-Unis

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Si le chef de l’Etat ne veut pas de ces négociations, c’est avant tout par souci de ne pas désavouer ses promesses sur le climat.

« La France sera possiblement la seule » capitale des Vingt-Huit à voter contre l’ouverture de la nouvelle négociation commerciale entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis, a prévenu jeudi 11 avril l’Elysée. Une position isolée extrêmement rare pour Paris sur la scène européenne, qui s’explique avant tout par le souci du président Emmanuel Macron d’apparaître comme un champion du climat et de ne pas désavouer ses promesses vertes à quelques semaines des élections européennes.

  • Quel est ce nouvel accord commercial ?

Précisons-le d’emblée : cette nouvelle négociation n’a rien à voir avec le défunt traité transatlantique entre l’UE et les Etats-Unis. Les pourparlers du Tafta/TTIP, entamés en 2013 et enterrés en 2016 après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, visaient à établir un accord commercial global extrêmement large entre les deux grandes puissances occidentales. Ils concernaient la plupart des grands secteurs économiques, et contenaient de nombreux chapitres très sensibles, comme les tribunaux d’arbitrage privés, les quotas d’importation agricoles ou des mécanismes de convergence des normes.

Le nouvel accord dont il est question est bien moins ambitieux. L’idée est née pendant la rencontre à la Maison Blanche entre M. Trump et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à l’été 2018. Soucieux d’apaiser les tensions avec le président américain, qui avait imposé des droits de douane punitifs sur l’acier et l’aluminium européens et menacé de faire de même avec les voitures, M. Juncker avait proposé un nouveau « deal » commercial simple, visant à réduire les droits de douane sur les biens industriels.

  • Pourquoi Emmanuel Macron s’y oppose ?

Même s’ils n’ont pas grand-chose à y gagner, la plupart des pays européens étaient favorables à ce « mini-traité transatlantique », dans la mesure où il calmait les ardeurs américaines. Et en particulier l’Allemagne, hantée par la menace de taxes sur les exportations de ses voitures de l’autre côté de l’Atlantique.

Cette négociation pose toutefois un problème de taille à Emmanuel Macron. Bien que libéral et par nature favorable au libre-échange, il avait promis pendant sa campagne de verdir la politique commerciale européenne, et tente depuis le début de son mandat de s’ériger en champion mondial du climat.

Dès juillet 2018, le président français posait des conditions strictesau lancement des pourparlers avec les Américains. En septembre, il invitait carrément l’Union européenne à refuser de signer des accords commerciaux avec « les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris » sur le climat, visant directement les Etats-Unis de M. Trump.

Jeudi 11 avril, Emmanuel Macron a confirmé qu’il s’opposerait au lancement officiel des négociations, prévu sous peu. « C’est une question d’équité, de valeurs et de cohérence »a justifié sa secrétaire d’Etat à l’écologie, Brune Poirson. Outre la question climatique, le président français est hostile à une négociation asymétrique, sous la menace des sanctions trumpiennes.

  • Pourquoi cela ne change rien ?

Cette prise de position, bien que forte sur le plan symbolique, a toutes les chances d’être vaine. Pour lancer la négociation commerciale, la Commission européenne a seulement besoin d’un mandat validé par 55 % des Etats européens, qui représentent 65 % de la population européenne. Si, comme c’est probable, la France est la seule à dire non lors du vote solennel prévu lundi 15 avril, le mandat sera donc largement adopté, et les négociations pourront commencer dans la foulée.

Cet accord UE-Etats-Unis est toutefois encore loin de voir le jour. Les négociateurs européens et américains devront déjà se mettre d’accord sur les contours précis du futur traité – Bruxelles ne veut par exemple pas entendre parler d’une discussion sur l’agriculture, chère aux yeux de Washington.

En cas de compromis, le futur accord devra en outre être encore approuvé à la majorité qualifiée des Etats européens, puis à la majorité absolue du Parlement européen – qui aura, d’ici là, été renouvelé par les élections européennes.


Monde Afrique

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