La 34è session ordinaire du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (CSA) s’est tenue hier à l’ex-CRES de Badalabougou. Dirigée par le président du CSA, Ahmed Boutache, cette session s’est déroulée en présence du ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré, des représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme ainsi que ceux de la médiation internationale.
A l’ordre du jour de cette réunion étaient inscrits plusieurs points : l’adoption du relevé de conclusions de la 33è session du CSA ; la communication du représentant du gouvernement, au nom des trois parties signataires, au sujet de l’évolution de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ; le communiqué du représentant de la MINUSMA au sujet des résultats de la visite du Conseil de sécurité de l’ONU au Mali et de la rencontre entre le Conseil de sécurité et la médiation.
La présentation des rapports des sous-comités thématiques en complément à l’exposé présenté par le gouvernement ; la présentation du mandat du groupe d’experts et du comité de sanctions ainsi que la présentation des grandes lignes du 4è rapport de l’observateur indépendant figuraient également au menu de la session.
Aux termes des travaux, tenus à huis clos, le président du CSA et le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale ont co-animé un point de presse. Plantant le décor, Ahmed Boutache a, d’entrée de jeu, confié que cette rencontre avait pour objet d’évaluer le processus de mise en œuvre de l’Accord, de noter les résultats accomplis, de constater les éventuelles lacunes et de pouvoir donner une impulsion nouvelle à ce processus. A ce sujet, Ahmed Boutache a affirmé que les discussions ont concerné notamment le programme Démobilisation, Désarmement et Réinsertion accéléré (DDR). «Nous notons si heureusement que celui-ci sera totalement achevé dans un délai de deux semaines, toutes les différentes opérations y afférentes seront closes d’ici la fin de ce mois-ci», a-t-il assuré.
Selon le président du CSA, les participants à cette réunion ont évoqué un certain nombre de questions pour constater qu’un bon nombre d’entres elles ont pu avancer, ajoutant que celles qui n’ont pas été achevées sont en cours de parachèvement.
M. Boutache a révélé aussi qu’il y a eu des échanges avec le Coordonnateur du comité d’experts du régime de sanctions. Celui-ci, aux dires de l’animateur du point de presse, leur a expliqué en quoi consiste le régime des sanctions, quel est son mode de fonctionnement et quelles sont ses finalités.
Le diplomate algérien a indiqué que les participants ont convenu de veiller, tous ensemble au niveau du CSA, à ce que les recommandations faites par le Conseil de sécurité de l’ONU, lors de sa récente visite au Mali, soient prises en considération et puissent se traduire par des actes. Le président du CSA a signalé que dans le cadre du mécanisme de concertations inter maliens, il y a un travail qui a été déjà fait. Selon lui, il y a une feuille de route en 10 points qui a été déjà arrêtée et qui sera validée lors de la prochaine réunion de ce mécanisme, prévue pour ce jeudi.
En outre, Ahmed Boutache a rappelé que les points saillants des recommandations du Conseil de sécurité de l’ONU sont au nombre de trois. Il y a la nécessité d’avoir une nouvelle feuille de route avec des objectifs priorisés et également un calendrier précis pour la mise en œuvre. «Il faut que tout cela intervienne avant la fin du mois de juin prochain», a-t-il prévenu. En plus de la feuille de route, selon le président du CSA, il y a la question du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) qu’il faut impérativement achever d’ici la fin de ce mois. Tout comme il y a, a-t-il poursuivi, le parachèvement de tout ce qui a trait aux questions politico-institutionnelles. Il s’agit, a expliqué M. Boutache, de l’opérationnalisation des autorités intérimaires sur certains aspects notamment en ce qui concerne le transfert de financement et des ressources humaines nécessaires.
Intervenant à son tour, le ministre Lassine Bouaré est revenu sur les recommandations du Conseil de sécurité de l’ONU par rapport à la feuille de route révisée. Pour le ministre Bouaré, le Conseil de sécurité recommande que le processus de DDR accéléré puisse aboutir à la finalisation qui doit être constaté par l’intégration, ne serait-ce que formelle, de ceux qui respectent les critères d’intégration qui ont été déjà identifiés.
Le Conseil recommande également, selon M. Bouaré, que les projets de textes sur la zone de développement qui constitue un aspect économique important de l’Accord puissent être finalisés. «Et aujourd’hui, il y a un consensus sur le projet présenté par le ministère en charge de l’Aménagement du territoire, qu’il s’agit de mettre dans la procédure d’adoption», s’est-il réjoui.
Les préoccupations des journalistes ont notamment porté sur les détails des effectifs du programme DDR accéléré, sur le projet de révision constitutionnelle, etc.
Répondant à la première, le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale a soutenu que le DDR accéléré concerne les Mécanismes opérationnels de coordination (MOC) qui constituent les unités de bataillon. En tout état de cause, selon Lassine Bouaré, il s’agit de 600 éléments dans chacun des trois MOC (Gao, Tombouctou et Kidal), ce qui fait 1800 éléments qui ont fait l’objet de «screening» (une sorte de contrôle physique).
Au cours de ce «screening», a-t-il confié, certains se sont révélés inaptes, au prime abord, d’autres n’ont pas nécessairement répondu à l’appel. Le ministre a expliqué qu’il s’agira, pour ceux qui ont été déclarés inaptes, de pouvoir faire une contre-visite pour s’assurer que leur inaptitude est fondée ou pas. Pour ceux qui ne s’étaient pas présentés, a-t-il ajouté, c’est de leur donner une chance de se présenter pour qu’on puisse atteindre le nombre de 1800 éléments. «Nous sommes en bonne situation pour essayer d’avoir le modèle parfait à dérouler sur l’ensemble du processus de DDR suite à cet exercice un peu expérimental …», a conclu le ministre Lassine Bouaré.
Sur la question de la révision constitutionnelle, le président du CSA a souligné qu’il appartient au président de la République, à qui le Comité d’experts vient de remettre le résultat de ses travaux, de décider, avec son gouvernement, de la façon dont il organisera les consultations avec les différents acteurs sur ce projet très important qui impacte, de façon directe et appréciable, la mise en œuvre de l’Accord.
«Je ne peux pas en dire davantage sur cette question à ce stade. Nous attendons d’abord de voir le texte, que nous n’avons pas encore. Nous attendons d’avoir des discussions sur cela au niveau du CSA pour pouvoir, éventuellement, formuler un avis», a clarifié Ahmed Boutache.
Harouna YOUSSOUF
Essor