Emmanuel Macron a salué jeudi le courage des pompiers et personnels mobilisés pour sauver Notre-Dame, “exemplaires” sous le regard du “monde tout entier”, trois jours après le gigantesque incendie de la cathédrale, en pleine Semaine sainte.
“Merci à vous qui avez pris tous les risques (…) Le pays et le monde tout entier nous ont regardés et vous avez été exemplaires”, a déclaré le chef de l’Etat devant 250 pompiers de Paris ainsi que des pompiers franciliens, des policiers, des membres de la Croix Rouge et de la Protection civile, réunis à la mi-journée dans la salle des fêtes de l’Elysée.
“Vous avez été l’exemple parfait de ce que nous devons être”, a-t-il ajouté, en annonçant qu’ils recevraient une médaille d’honneur pour acte de courage et de dévouement “en mémoire de cette nuit”.
“C’est la cohésion de l’Etat qui a été souligné et ça fait chaud au cœur”, a réagi à la sortie le porte-parole des sapeurs-pompiers de Paris Gabriel Plus.
L’incendie qui a suscité une émotion mondiale et un afflux de dons inédit, 850 millions d’euros jeudi, a mobilisé 600 pompiers au total pendant une quinzaine d’heures lundi soir.
AFP / Thomas SAMSONDes fleurs déposées sur le Pont Saint Michel, devant Notre-Dame, deux jours après l’incendie qui a ravagé la cathédrale, le 17 avril 2019
Une cérémonie d’hommage à “celles et ceux qui ont contribué à sauver” Notre-Dame est également organisée jeudi à partir de 16H15 sur le parvis de l’Hôtel de Ville, à quelques centaines de mètres de la cathédrale.
Une soixantaine de pompiers restent au chevet de Notre-Dame pour éviter toute reprise de feu et des poutres ont été acheminées pour aider à consolider certains points, pendant que les experts évaluent les besoins pour sécuriser totalement avant de reconstruire.
En pleine Semaine sainte avant Pâques, une veillée sera organisée jeudi soir à la basilique du Sacré-Coeur qui restera ouverte toute la nuit.
Mercredi, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé une série de mesures pour tenir “le défi immense” de reconstruire Notre-Dame en cinq ans lancé par le chef de l’Etat, avec un concours international d’architectes, un soutien fiscal aux dons et un projet de loi pour une souscription nationale.
La ministre du Travail Muriel Pénicaud a, elle, lancé jeudi une opération baptisée “Chantiers de France” destinée à faire “un appel d’air” sur les métiers nécessaires à la reconstruction de Notre-Dame mais aussi “à la rénovation du patrimoine partout dans le pays”.
“Notre chère cathédrale est à genoux” mais elle “revivra”, elle “se redressera!”, a lancé l’archevêque de Paris Mgr Aupetit mercredi soir lors d’une messe à Saint-Sulpice à laquelle des centaines de personnes, dont Brigitte Macron, ont assisté.
Une cathédrale de bois “éphémère” sera élevée sur le parvis de Notre-Dame tout le temps des travaux, a annoncé le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet.
– “Responsabilité historique” –
Dès le lendemain de l’incendie, Emmanuel Macron a souhaité que ce joyau de l’art gothique, monument historique le plus visité d’Europe avec 12 millions de touristes en 2017, soit reconstruit dans les cinq ans. Un délai jugé “réalisable” par plusieurs participants à une réunion de ministres et personnalités mercredi autour du chef de l’Etat, même s’il est considéré comme trop court par certains experts extérieurs.
AFP / Sabrina BLANCHARDLes dégâts à Notre-Dame de Paris
Concédant que le coût de ce chantier titanesque n’est pas connu, il a annoncé un projet de loi pour donner un “cadre légal” aux dons avec une déduction fiscale majorée pour ceux des particuliers inférieurs à 1.000 euros, ainsi qu’un concours international d’architectes.
M. Macron souhaite qu'”un geste architectural contemporain puisse être envisagé”, selon l’Elysée.
“C’est un défi immense, une responsabilité historique, le chantier de notre génération et pour les générations qui nous succèderont”, a estimé Édouard Philippe mercredi à l’issue d’un Conseil des ministres entièrement dédié à la reconstruction de Notre-Dame.
Le concours d’architectes doit “trancher la question de savoir s’il faut reconstruire une flèche, s’il faut la reconstruire dans les mêmes conditions, à l’identique” de celle imaginée par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle, “ou s’il faut (…) se doter d’une nouvelle flèche adaptée aux techniques et enjeux de notre époque”, a précisé Edouard Philippe.
Mais reconstruire la cathédrale sans sa flèche serait “l’amputer”, estime l’arrière-arrière petit-fils de l’architecte.
Attention à ne pas reconstruire trop vite et à ne pas tuer “l’âme” de Notre-Dame, ont de leur côté alerté plusieurs responsables politiques jeudi, certains appelant le chef de l’Etat à “l’humilité”.
– Piste accidentelle –
L’afflux de dons se tassait jeudi, atteignant tout de même les 850 millions d’euros, après une immense mobilisation à travers le monde, d’Apple et Disney à la Banque centrale européenne en passant par des milliers d’anonymes.
Le groupe LVMH et la famille Arnault, première fortune de France, la famille Pinault, la famille Bettencourt-Meyers et le groupe L’Oréal, ainsi que le géant pétrolier Total ont à eux seuls versé 600 millions.
Mais cette mobilisation éclair de milliardaires et de grands groupes a été critiquée par des responsables politiques et syndicaux ainsi que des “gilets jaunes” déplorant leur implication bien moindre contre “la misère sociale”.
Face à la polémique, la famille Pinault a renoncé à sa réduction d’impôts. Bernard Arnault, qui a également annoncé jeudi que les dons de sa famille et du groupe ne seraient pas défiscalisés, a jugé “consternant” de “se faire critiquer”.
“La piste accidentelle est toujours privilégiée”, a précisé le parquet. Une trentaine d’ouvriers et d’employés chargés de la sécurité de l’édifice ont déjà été entendus.
L’incendie a poussé Emmanuel Macron à reporter en catastrophe son intervention en réponse à la crise des “gilets jaunes” et au grand débat, désormais attendue après Pâques.
AFP