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IBK, seul contre tous ?

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Pour n’avoir pas prêté une oreille attentive à la grogne de la rue, IBK est, de plus en plus, marginalisé sur la scène politique nationale. L’opposition, la société civile et les leaders religieux… suspendent leur participation au processus de révision constitutionnelle. Pire, la direction du RPM, son propre parti politique, vient d’adjoindre sa voix à celle de l’opposition pour une motion de censure contre son gouvernement.

Le régime IBK est en proie à la plus grande contestation de son histoire. D’un côté, l’opposition, la société civile et les leaders religieux… Et de l’autre, le président de la République. Entre les deux, un fossé qui se creuse chaque jour davantage, sur un fond de mécontentement général.
Pour les premiers, l’urgence reste la lutte contre l’insécurité, la fermeture des écoles depuis trois mois et, surtout, l’organisation d’une « concertation nationale », élargie à toutes les couches de la société pour une sortie de crise acceptée par tous ; tandis que pour le Chef de l’Etat, la priorité demeure la révision constitutionnelle.

L’heure est grave

Au lendemain de l’attaque du camp militaire de Dioura, qui a coûté la vie à une trentaine de personnes, et du massacre de 170 civils d’ethnie peulh, dans le village d’Ogossagou, dans le centre du pays, Mohamed Ould Cheickné, dit « Bouyé », et l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, ont appelé, le 05 avril dernier, à une grande marche, qui a vu plus d’un million de Maliens descendre dans la rue. Avec des slogans hostiles à la France et à la Minusma.
Soutenue, par les partis politiques de l’opposition, de la société civile et des associations de femmes et de jeunes, cette mobilisation historique du peuple malien avait pour objectif d’attirer l’attention du gouvernement sur l’insécurité, qui gangrène le pays.
« L’ampleur de la violence a atteint des seuils jamais égalés dans notre pays. Des villages entiers sont rayés de la carte. Des populations entières sont décimées, y compris des bébés, des femmes enceintes et des vieillards. Des greniers sont incendiés et des animaux abattus … ». Telles sont, selon Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, les conséquences de la mal gouvernance, dont le pays fait l’objet.

Aucune perspective

Face à l’ampleur du drame, qui a suscité colère et indignation de part le monde, le limogeage d’une poignée de chefs militaires ne semble pas satisfaire les Maliens. Lesquels réclament, ouvertement, un changement de cap, de gouvernance. Avec une priorité absolue à la lutte contre l’insécurité, le redéploiement de l’armée sur toute l’étendue du territoire national, la réouverture des classes, fermées au nord, au centre et au sud du pays ; et l’amélioration des conditions de vie des populations.
Pour le chef de file de l’opposition, IBK et son gouvernement n’ont aucune solution à proposer aux populations en détresse : « Ils n’ont pas de solutions nouvelles à offrir. Ils persistent et signent dans le déni de la réalité et nous servent les mêmes formules écoulées, qui manquent de perspectives.

Le RPM rejoint l’opposition

Face à l’insécurité endémique, aux massacres des populations civiles et aux conflits inter et intracommunautaires, la révision constitutionnelle ne semble pas une priorité aux yeux de l’écrasante majorité de nos concitoyens.
Conséquence : les partis politiques de l’opposition suspendent leur participation au processus de révision constitutionnelle. Pire, la direction du RPM, parti politique d’IBK, vient de donner son quitus à ses députés pour une motion de censure contre le gouvernement. Convaincue qu’elle est que le gouvernement-Boubeye a failli, face aux urgences de l’heure.
Convoqués, jeudi 11 avril, au Palais présidentiel, pour y recevoir des mains d’IBK, la copie de l’avant-projet de constitution, les partis politiques de l’opposition ont boycotté la cérémonie.
Pour Mr Oumar Hammadoun Dicko, membre du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), tout le monde est d’accord avec le principe de la révision constitutionnelle ; mais, ajoute-t-il, l’heure est, plutôt, à la sécurisation du pays.
« On aimerait que le président IBK soit à l’écoute des Maliens. Compte tenu des difficultés majeures que traverse le pays, rien ne doit pouvoir empêcher un dialogue national », a-t-il conclu.
Pendant ce temps, les populations vivent mal les coupures d’eau et d’électricité, les grèves qui ne finissent pas de finir, la misère endémique.
Pour l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, IBK ne peut pas continuer à ignorer les aspirations du peuple malien. Auquel cas, menace-t-il, les Maliens descendront dans les rues tous les vendredis, après la prière. Mauvais présage.

Oumar Babi 

Source: Canard Déchaîné


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