La démission de Soumeylou Boubèye Maïga, acceptée par la présidence malienne, intervient à quelques heures de l’examen par l’Assemblée nationale d’une motion de censure du gouvernement déposée mercredi par des députés de l’opposition, mais aussi de la majorité. Le Premier ministre, en poste depuis 16 mois, cristallisait les critiques depuis plusieurs semaines.
Soumeylou Boubèye Maïga a présenté sa démission et celle de son gouvernement, qui a été acceptée par Ibrahim Boubacar Keïta, nous apprend le communiqué de la présidence malienne, publié dans la soirée du 19 avril. Dans sa lettre de démission, Soumeylou Boubèye Maïga remercie le chef de l’Etat pour la confiance qu’il a placé en lui pendant un an et quatre mois. En retour, le président « a remercié » le Premier ministre sortant « pour sa loyauté et son sens élevé du devoir ».
« Un Premier ministre sera nommé très prochainement et un nouveau gouvernement sera mis en place, après consultation de toutes les forces politiques de la majorité et de l’opposition », indique encore la présidence.
Depuis plusieurs semaines, le départ de Soumeylou Boubèye Maïga était réclamé tant par des leaders religieux musulmans que par l’opposition – que ce soit des élus ou les manifestants dans la rue. Mais aussi par des députés de la majorité présidentielle.
Un Premier ministre rejeté par le parti du président
Au sein du Rassemblement pour le Mali, le parti présidentiel, certains n’avaient jamais digéré la nomination de Soumeylou Boubeye Maiga. Mais « le pourrissement des relations », selon les mots d’un cadre du parti, a vraiment débuté quand il a été reconduit après la présidentielle 2018.
Ses détracteurs l’accusent d’avoir alors lancé une entreprise de déstabilisation du RPM. Dans une logique d’ostracisme, explique un responsable du RPM, le Premier ministre a remplacé plusieurs représentants du parti a des postes clés et, surtout, débauché plusieurs de ses députés. Une démarche jugée déloyale, solitaire et au service d’un agenda personnel.
IBK et RPM, une relation compliquée
Une motion de censure devait votée ce vendredi, portée par des députés de la majorité et de l’opposition, véritable acte de défiance et reflet de ces tensions, mais aussi plus profondément l’illustration des rapports complexes entre le RPM et le président IBK.
Sur cinq Premiers ministres depuis sa première élection en 2013, le chef de l’État n’en a nommé qu’un seul issu des rangs de son parti, pourtant majoritaire à l’assemblée.
Le RPM, qui ne s’est globalement jamais senti associé à la gestion du pays, en a retiré une frustration croissante et a fini par décider de demander un changement de gouvernance, comme les dizaines de milliers de Maliens qui sont descendus dans la rue le 5 avril.Par RFI