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Boubou Cissé, un Premier Ministre sur une corde raide

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En nommant lundi 22 avril 2019 Boubou CISSE au poste de Premier ministre, le Président de la République du Mali Ibrahim Boubacar KEITA semble avoir déçu son opinion publique nationale qui attendait un chef du gouvernement nouveau et neutre ou, à défaut, à même de rassembler un peuple dispersé sur l’échiquier politique avec une opposition qui tente de retrouver dans un grand rassemblement en faisant revivre le front pour la sauvegarde de la démocratie, FSD, née au lendemain du coup de force militaire de mars 2012 qui désarticula le pays comme un pantin, une opinion publique nationale écartelée entre des leaders religieux opposés sur le soutien ou non au pouvoir en place, les uns appelant à l’union sacrée et dont l’un des plus fervents vient de se faire élire à la tète du Haut Conseil islamique dirigée jusqu’alors par la frange dénonçant la gouvernance, les autres qui ont mis plus de trente mille personnes dans les rues de Bamako pour exiger la révocation du gouvernement. Sans oublier que l’état central n’a toujours pu véritablement renouer le dialogue avec des contestataires des régions du Nord et dont beaucoup sont aujourd’hui des soutiens d’une guerre difforme entre idéologie islamiste et intérêts mafieux.

C’est dire comment la corde est raide pour la nouvelle équipe qui sera mise en place dans les prochains jours et dont la composition déjà annoncée très ouverte signalera aux observateurs et partenaires du pays la tâche du nouveau Premier ministre qui aura bien besoin en plus de ses atouts technocratiques de plus de liants politiques pour manager une équipe rassemblant des fortes têtes,  des espèces politiques de tout bord.

Le choix de Boubou CISSE peut se comprendre par le fait qu’il a engrangé déjà depuis le premier gouvernement du premier mandat d’Ibrahim Boubacar KEITA une certaine expérience politique. Appelé par Oumar Tatam LY pour sa première expérience politique en tant que ministre de l’industrie et des mines en 2013 alors qu’il était économiste principal à la Banque mondiale depuis 2005, le jeune technocrate brillera par sa rigueur et son efficacité sur les dossiers les plus ardus. Il figurera depuis dans les équipes successives des cinq Premiers ministres usés par IBK.

En tant que sixième Premier ministre en six ans de pouvoir du Président Ibrahim Boubacar KEITA au moment où sa gouvernance est des plus décriées tant dans l’opposition qu’au sein de la formation présidentielle, Boubou CISSE devra montrer qu’il a appris quelques leçons utiles de politique malienne dont l’opinion qualifie des plus compliquées à faire perdre aux plus fins des observateurs leur latin.

Le nouveau Premier ministre devra avant tout réussir le dosage de son équipe gouvernementale même si in fine c’est le Président de la République qui décide. Le ‘‘gouvernement de large ouverture’’ attendu comme annoncé dans le communiqué de la présidence de la république qui rend publique sa nomination lundi dernier, donnera les premiers signes de ses talents politiques pour ne pas dire politiciens.

Ensuite, même s’il est à équidistance des courants politiques au sein de la formation présidentielle entre ceux aveuglement fidèles au Président IBK et le groupe des partisans du fait majoritaire qui n’ont pas hésité à défier le fondateur du parti en initiant avec l’opposition une motion de censure pour faire tomber le gouvernement et exiger la nomination d’un Premier ministre de leur rang, le nouveau Premier ministre doit là aussi faire preuve d’un esprit politique fin pour amener la majorité à supporter son action sans faille. Sinon les récalcitrants ne se feront pas prier avec la bénédiction d’une opposition plus que jamais convaincue de l’affaiblissement du pouvoir.

Ces équations politiques qui ne sont des plus faciles sont à mettre sur la même ligne de priorité que les problèmes d’insécurité qui ensanglante et les forces armées maliennes (Famas) avec des attaques récurrentes contre leurs positions dont les dernières à Dioura et Guiré ont tué des dizaines de soldats et les populations civiles livrées à elles-mêmes dans ce qui ressemble fort à des expéditions inter-communautaires notamment au centre du pays avec le drame d’Ogossagou qui a fait près de 150 personnes tuées atrocement et prétendument partisanes des assaillants djihadistes ou islamistes ou encore terroristes suivant la confusion que la communication gouvernementale n’a pu encore lever.

Oussouf DIAGOLA

Journaliste (Paris, France)

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