Un nouveau Premier ministre à la tête du gouvernement malien. Son nom, Dr. Boubou Cissé, anciennement ministre de l’Economie et des Finances. Il remplace Soumeylou Boubèye Maïga qui a été contraint de rendre sa démission le jeudi 18 avril dans la soirée. Il était sous la menace d’une motion de censure.
Dr. Boubou Cissé est un technocrate et apolitique. Sa nomination bénéficie à ce titre de l’adhésion de l’opposition et de la majorité présidentielle.
Âgé de quarante-cinq ans, le nouveau Premier ministre est un économiste de formation qui a une véritable connaissance des dossiers. Il a, apriori, le soutien des bailleurs de fonds puisqu’il a travaillé durant des années à la Banque mondiale jusqu’en 2013, date de sa nomination dans le gouvernement d’Oumar Tatam Ly, en qualité de ministre des Mines. Il a été membre de tous les gouvernements successifs depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir en 2013. Ce qui est à la fois une force et une faiblesse.
L’ancien ministre de l’Economie et des Finances bénéficie d’une bonne réputation. Sa compétence et son intégrité ne souffrent d’aucune contestation. Cependant, ces qualités suffisent-elles pour être un bon Premier ministre ?
Beaucoup de Maliens en doutent et sont sceptiques quant à ses chances de réussite. Rien qu’avoir les flots de réactions négatives sur les réseaux sociaux. Ils estiment qu’il n’a pas l’ancrage politique et social nécessaire pour faire sortir le Mali du gouffre. Ses détracteurs pensent que tenant compte du contexte sociopolitique et sécuritaire, un profil de rassembleur, expérimenté en politique, était mieux. Il était déjà sous le feu des critiques des syndicats d’enseignants.
Le nouveau Premier ministre est tout de même très attendu par les Maliens. C’est lui qui doit conduire le processus de réformes politiques et enrayer l’insécurité dans le pays ; sans oublier l’amélioration de la gouvernance et des conditions de vie des Maliens. Ce qui fait appel à une certaine capacité de rassembler tous les Maliens.
«Rassembler parce que nous avons une société extrêmement divisée dans un contexte particulier, une situation très difficile tant au plan politique que sécuritaire», analyse Baba Dakono, chercheur au bureau de Bamako de l’Institut d’Etude de Sécurité sur la plateforme www.Benbéré.org.
Des équations que son prédécesseur n’a jamais su résoudre, et qui a fini par jeter l’éponge sous la menace d’une motion de censure. Arriverait-il à réussir là où celui-ci avait échoué ? Patience :«Nul ne connaît l’histoire de la prochaine aurore».
Abdrahamane Sissoko