Dix semaines qui ont vu Abdelaziz Bouteflika renoncer à briguer un cinquième mandat, puis démissionner de son poste de président, qui ont vu également le chef de l’armée Ahmed Gaïd Salah s’imposer comme le nouvel homme fort du pays et des purges commencer dans le monde politique et dans celui des affaires.
Les manifestants ont pris acte de ces changements mais ils veulent plus et une mobilisation importante est encore attendue ce vendredi. Désormais, les manifestants sont rassemblés dans le centre de la ville, et ce, dès le début de la matinée. Donc, il y a déjà plusieurs milliers de personnes autour de la Grande Poste et qui déferlent dans le centre-ville.
Ce matin, les premiers manifestants réunis dans le centre de la capitale brandissaient des pancartes rappelant que la source du pouvoir doit être le peuple. Ce sont les fameux articles 7 et 8 de la Constitution algérienne. Ce que répètent les manifestants, c’est : « Nous voulons un changement de régime, nous voulons qu’ils partent tous ».
Il y a aussi des critiques contre les annonces d’ouverture d’enquêtes pour corruption. Certains manifestants, ce matin, demandaient la libération d’Issad Rebrab, le patron de Cevital. D’autres ont une banderole où ils demandaient pourquoi Saïd Bouteflika, le frère du président, n’avait pas été arrêté.
Importante mobilisation policière
Aperçue aussi une pancarte de solidarité avec le quartier de la Casbah, parce que cette semaine cinq personnes sont décédées dans l’effondrement de leur bâtiment. Dans la foulée, le préfet d’Alger avait été limogé et une minute de silence est prévue en mémoire de ces victimes au cours de la manifestation cet après-midi.
Enfin, il y a aussi des revendications qui sont liées à la liberté de manifester. Depuis hier, des barrages de forces de l’ordre filtrent les entrées de la capitale. Le vice-président de la Ligue de défense des droits de l’homme raconte qu’on lui a interdit d’entrer dans la ville et qu’on lui a demandé de faire demi-tour.
Il y a aujourd’hui un dispositif policier similaire aux semaines précédentes dans la capitale. Et comme la semaine dernière, le tunnel des facultés, un endroit emblématique de la mobilisation, est bloqué par les forces de l’ordre.
Avant, on sortait tous les jours. Il y avait la marche des avocats, il y avait la marche des journalistes, des médecins…Aissa Amazigh, 30 ans, militant, manifeste depuis le début du mouvement.
RFI