Encore une journée d’enfer ! En rentrant à la maison le soir, on est sur les rotules ; notre cerveau est en bouillie et on a la vague sensation d’être passé sous un engin de terrassement. C’est que toute la journée, on n’a pas décollé les yeux des pages des journaux, de l’écran de son ordinateur, mais aussi du smartphone qui, toutes les dix minutes, attire notre attention par un appel, un rappel, un bip, une notification… Lancé à une telle allure, on oublie même de boire, de manger, de marcher un peu pour se détendre ou, simplement, de franchir le seuil du bureau voisin pour tailler la bavette avec son collègue.
On est comme un zombie, comme un boxeur qui a encaissé des coups au foie lors d’un combat qui a duré huit heures d’horloge. Et pourtant, en faisant le bilan de sa journée, on a le sentiment d’être complètement passé à côté de l’objectif de productivité qu’on s’était assigné soi-même. Alors, a-t-on perdu inutilement une journée de travail ? En quoi faisant ? Qu’est-ce qui fait concurrence avec notre objectif de rendement au travail ? Simplement, avons-nous mal organisé notre journée de travail ? La réponse à cette série d’interrogations est aussi complexe que démêler l’écheveau de l’énigme de la création. Pourtant, cette réponse est en même temps toute simple. Comme dirait l’autre, elle est même sous notre nez : nous nous laissons envahir par le flux d’informations qui nous arrive, et nous avons du mal à le gérer, à l’ingurgiter pour nous en servir. C’est que nous sommes au confluent d’une production massive d’informations que nous ne maîtrisons pas et, à notre corps défendant, nous nous transformons en une espèce hybride avide d’informations.
Selon les conclusions d’une très sérieuse enquête internationale menée en 2010 par LexisNexis sur la productivité au travail, « En moyenne, les travailleurs ont déclaré consacrer un peu plus de la moitié de leur journée de travail, soit 51%, à recevoir et gérer l’information, plutôt que réellement l’utiliser pour accomplir leur travail. Parmi ce flot d’information, entre un tiers et la moitié n’était pas importante pour leur travail. La majorité des travailleurs déclarent perdre de vue leur priorité devant cette masse de données à trier ».
On peut, à bon droit, se poser la question suivante : L’Homo sapiens devient-il homo informaticus ? Question à laquelle tente de répondre Gilles Dowek, chercheur à l’INRIA, l’institut national de recherche en informatique et en automatique, et enseignant à l’école normale supérieure de Paris-Saclay. De nombreuses ressources en ligne sont disponibles sur la question et convergent toutes vers le même constat qui est que, irrémédiablement, le piège se refermera sur nous.
Selon le site www.planetoscope.com, chaque seconde, 29.000 Gigaoctets (Go) d’informations sont publiés dans le monde, soit 2,5 exaoctets par jour soit 912,5 exaoctets par an. En corrélant cette vertigineuse capacité de production d’informations avec le nombre de personnes utilisant l’Internet dans le monde – 3 800 000 000 en 2018 – on a une idée assez nette du défi auquel nous sommes confrontés. Malheureusement, Facebook, Twitter, Whatsapp, YouTube…ne feront rien pour alléger notre fardeau quotidien. Pis, ils enfonceront le clou jusqu’à notre abrutissement total voire notre anéantissement pour récolter des profits colossaux qui se profilent.
Dans un article publié sur https://temps-action.com intitulé « Gérer la surcharge d’information – ou quand trop, c’est trop ! », un spécialiste nous donne d’excellents conseils qui se résument en 7 astuces judicieuses que nous résumons ci-dessous :
1. Filtrer l’information
Il est inutile de vouloir tout lire, tout voir, tout entendre. Il est impossible de tout savoir. Il vaut mieux se concentrer sur quelques sources intéressantes que sur une constellation d’informations sans valeur.
2. Contrôler ses sources d’information
Fermez vos messageries instantanées, votre notification de nouveaux emails, vos comptes Twitter, Facebook et compagnie lorsque vous êtes concentré sur votre travail.
Réservez des plages horaires dans la journée pour les consulter.
3. Tester les sources d’information
Si vous trouvez fréquemment de nouvelles sources d’information à suivre, testez-les. Choisissez de suivre une nouvelle publication, un blog ou autre pendant 7 jours. Au bout des 7 jours, demandez-vous si cette nouvelle source est pertinente et vous apporte des infos dont vous pouvez vous servir. Si oui, gardez là. Sinon, supprimez là.
4. Améliorer ses compétences en lecture
La lecture est une compétence fondamentale de nos jours. La lecture rapide permet de lire plus vite et de scanner l’information plus rapidement. Si vous devez lire un rapport de 50 pages pour votre travail, la lecture rapide vous facilitera grandement la tâche.
Mais elle permet également de mieux gérer la surcharge d’information. On dit d’une manière générale que 80% de l’information est contenue dans 20% du papier. La lecture rapide permet de trouver ses 20% d’infos intéressantes en 2 fois moins de temps, dans un journal, un livre, un rapport ou un guide pratique.
5. Se concentrer sur la pertinence
Un bon moyen d’éviter la surcharge d’information, c’est de se focaliser sur celle qui nous apporte de la valeur. Privilégiez les sources qui vous servent au quotidien, qui vous aident dans la réalisation de vos projets, qui vous avancent dans vos activités importantes.
6. Mettre en pratique ce qu’on apprend
Quand on se trouve dans une phase d’apprentissage, on a parfois tendance à consommer énormément d’information. Il arrive qu’on en ingurgite des tonnes sans la mettre en pratique. Au lieu de ça, pratiquez l’apprentissage utile. Prenez des notes des livres que vous lisez, des vidéos que vous regardez, des audios que vous écoutez.
7. trouver des alternatives
Trouvez des alternatives pour remplacer la consommation d’information éphémère par des activités valorisantes à long terme. Lisez des livres, formez-vous, pratiquez des activités qui vous plaisent, faites du sport… Enfin, un moyen radical d’éliminer le superflu est d’appliquer le principe “tout ce qui n’est pas indispensable est inutile.”
J’adore particulièrement ce dernier conseil et j’aimerais autant qu’il vous questionne dans votre travail de tous les jours.
Serge de MERIDIO
Inf@Sept