Il parait que le nouveau Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, bénéficie du soutien de Mahmoud Dicko. Les deux seront bientôt reçus par le Chérif de Nioro. Ce qu’il faut désormais craindre pour l’avenir de ce pays, c’est la guerre entre les leaders religieux pour le contrôle et la gestion du « pouvoir réel ». Certes les leaders politiques maliens ont échoué, mais les leaders religieux ne détiennent pas non plus la solution miracle pour sauver le Mali. Au contraire… Bref rappel historique…
La propagation de la Tidjaniyya au Mali fut l’œuvre principale d’El Hajj Omar Tall. Il entreprit des guerres contre les empires païens et réussit à propager l’Islam selon la couleur de sa nouvelle voie spirituelle. En revanche, la problématique qui se pose à tous les chercheurs est de savoir quelle fut la réelle motivation du guide suprême de la Tidjaniyya lorsqu’il attaquait le régime musulman (Qādiriyya) du Macina.
Cette guerre interreligieuse est difficilement justifiable selon les écrits d’El Hajj Omar Tall lui-même, antérieurs à cette guerre, comme son ouvrage « Rappel à ceux qui ne prêtent pas attention aux méfaits causés par la divergence entre croyants ». La conclusion était donc que cette guerre était plus motivée par la recherche d’hégémonie confrérique que par toute autre raison. Car à l’arrivée du Cheikh El Hajj Omar Tall au Mali, la Qādiriyya était la tarîqa (voie spirituelle) incontestablement la plus répandue et la plus influente dans le pays. Ses arguments fondés sur les textes scripturaires n’emportèrent pas massivement l’adhésion des qādirīs à sa nouvelle voie spirituelle. Le langage de la force était donc le recours optimal pour répandre rapidement la voie d’Ahmed al-Tidjani.
Les conséquences de cette guerre fratricide, qui débuta en 1861 et qui continua à opposer les Tidjanis aux Qādirīs jusqu’à l’occupation effective des colonisateurs en 1878, furent désastreuses :1- détérioration des relations entre Qādiriyya et Tidjaniyya, 2- affaiblissement moral et matériel de deux antagonistes et inefficacité de leur résistance face aux colonisateurs français, car une seconde période s’est ouverte alors pour le Mali, celle de la colonisation.
En tout cas, vu l’évolution des choses et l’implication des leaders religieux dans la gestion du pouvoir, une guerre entre eux est vraiment à craindre au Mali.
InnaMaiga
Le Démocrate