L’histoire retiendra que c’est sous le magistère du président IBK que la rue a le plus grondé. Pour régulièrement rappeler le président de la République à l’ordre. Cette situation vient de prendre encore de l’envergure avec le malaise social
Sous la pression populaire fortement soutenue par certains leaders religieux, IBK a fini par lâcher son cinquième Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Un fâcheux précédent, s’il en est, qui risque de faire tache d’huile.
Même si le locataire du palais de Koulouba avait, un moment, donné l’impression d’une certaine solidarité à l’égard de son chef du gouvernement bruyamment contesté, il a fini par mesurer la gravité de la situation.
La pression déclenchée par certains leaders religieux, amplifiée par des regroupements politiques ont failli entraîner un renversement du régime IBK. Et les pancartes et slogans hostiles au chef de l’Etat étaient visibles et attestaient d’un rejet populaire du pouvoir. Mais les manifestants donnaient l’impression d’un marchandage a minima : obtenir au moins la tête du chef du gouvernement ou, au cas extrême déclencher un mouvement insurrectionnel contre le maintien en place du dépositaire du pouvoir.
La preuve, on a vu des milliers de jeunes scander le départ d’IBK et certains d’entre eux ont tenté, sans succès, une mobilisation en direction du palais de Koulouba. Ce qui a ému le dispositif sécuritaire mis en place, qui a réussi à disperser les foules et empêché que le mouvement dégénère….
Cet épisode ayant abouti au départ du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, après la menace d’une motion de censure unifiée majorité-opposition prouve à suffisance que le pouvoir IBK est plus que jamais fragilisé.
Il se doit donc de tenir compte de cette posture de fragilisation extrême pour davantage ménager toutes les susceptibilités de la République. C’est du reste ce qui est corroboré par le fait que le président de la République a, dès le lendemain de la démission du Premier ministre, reçu la majorité présidentielle et l’opposition le vendredi et le samedi derniers.
En effet, à travers la détermination affichée par la motion de censure unifiée, IBK a désormais une véritable épée de Damoclès sur sa tête pour achever son second mandat à la tête du pays.
Les parlementaires, représentants du peuple et de la classe politique voudront désormais s’inscrire parfaitement dans la dynamique des aspirations du peuple, conscient qu’IBK est sur une pente descendante et au bas de sa cote de popularité. Eux, pour la plupart jeunes et lorgnant de nouveaux mandats politiques, n’hésiteront pas lâcher le locataire du palais présidentiel pour se sauver. Ils soutiendront donc les initiatives du peuple pour mettre le chef de l’Etat en minorité et peut-être le vouer aux gémonies. Surtout que la gouvernance du pays depuis 2013 est restée largement insatisfaisante.
Ainsi, le peuple semble se réapproprier toute sa souveraineté et le président IBK ne peut désormais que composer avec lui ou ses dignes représentants que sont la classe politique, les députés et les leaders religieux.
En clair, conscient de son éclatante victoire ayant abouti à la démission du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, la rue pourrait se faire sentir, de façon encore plus poignante, dans la prise des décisions majeures de la vie de la nation. Des messages insurrectionnels se font, du reste, déjà entendre sur les réseaux sociaux appelant à des plans funestes de remise en cause des institutions de la République. La démocratie malienne en prend-elle un coup ? Rien n’est moins sûr, surtout si l’autorité de l’Etat du Mali ne se…muscle rapidement pour étouffer de tels germes venimeux et nauséabonds dans l’œuf !
Kassoum TOGO
Mali Horizon