La signature aujourd’hui 02 mai, de l’accord politique exigé par l’opposition aux fins de la mise en place d’un attelage gouvernemental de large ouverture, marque l’épilogue d’un bras de fer feutré de longue durée entre les parties. En définitive, c’est le Mali qui gagne, si l’unité d’action a pu être réalisée autour du grand malade qu’est le Mali d’aujourd’hui. L’opposition a cependant réussi une prouesse en faisant du Président de la République le garant de la réussite de la mise en œuvre de cet accord politique. Le Premier ministre en est certes le chef d’orchestre, mais redevable au même titre que les ministres, chacun pouvant s’adresser au Président qui ne peut plus s’enfermer dans sa tour d’airain.
Pour la première fois dans notre pays, la composition d’un gouvernement a nécessité la signature d’un accord, qui plus est, fixe les grandes lignes d’une feuille de route prenant en compte les préoccupations existentielles d’un Mali confronté à des menaces multiformes d’ordre interne et international. Il s’agira désormais de « prendre en compte les différentes sensibilités politiques nationales et travailler à trouver les solutions aux défis actuels dans une démarche consensuelle », dit l’accord.
Ce compromis obtenu dénote également de la vertu du dialogue entrepris par le Dr Boubou Cissé dès sa prise de fonction le 23 avril dernier. Cet accord est incontestablement le fruit de la conjugaison de deux exigences : celle accusatrice de l’opposition, qui a indexé le pouvoir le rendant responsable de la situation calamiteuse du pays ; et celle attentive et conciliante du pouvoir qui prône l’ouverture, afin que tous les fils du pays concourent à rebâtir le pays écroulé depuis 2012. L’opposition ne pouvait rester en marge d’un tel appel pour le Mali. Pour une fois, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita s’est mis à l’écoute de l’opposition, qui a exigé cet accord pour donner le ton de la gouvernance démocratique, pour la paix et la sécurité au Mali. C’est la preuve que pour IBK, ces hommes qui ont animé l’opposition, qui se sont battu et continueront de se battre pour le Mali, ne méritaient pas d’être la cible de la répression sauvage, lors de leurs manifestations de contestation. Ils prennent aujourd’hui la posture de ceux qui veulent apporter un souffle nouveau, former une union sacrée avec le Président IBK, autour du Mali pour sortir le pays des griffes d’ennemis inavouables, qui ne cherchent qu’à le rendre ingouvernable pour en faire ce qu’ils veulent. Pouvoir et opposition ont-ils compris enfin, la pensée du Roi Ghezo du Bénin : « Si tous les fils du royaume venaient, par leurs mains assemblées, boucher tous les trous de la jarre percée, le pays sera sauvé ». C’est en chœur que tous doivent dire, « Ô Mali d’aujourd’hui, ô Mali de demain ».
En siégeant dans le gouvernement, les partis politiques de l’opposition qui cessent alors d’être des opposants, entendent apporter leur tempo à la marche de la nation, contribuer au retour à un Mali apaisé avec comme défis essentiels dont la gouvernance démocratique, la sécurité au nord et au centre, la relance économique, une éducation de qualité pour tous les enfants du pays, le tout sur fonds de dialogue politique inclusif. C’est tout le sens de l’accord politique pour poser des balises, régler boussole et baromètre, afin de ne pas perdre le nord et surtout de jauger l’évolution à chaque étape de la marche.
- Daou
Le Démocrate