De plus en plus de Maliens, face à la recrudescence de l’insécurité et aussi, constatant l’enlisement de la lutte contre le terrorisme au nord, réclament le départ de la MINUSMA et de Barkhane. Il faut aussi dire que le paradoxe sécuritaire malien est que le pays est l’une des zones les plus militarisés en Afrique par des forces devant lutter contre toutes forces contrevenantes à la paix. Mais, en même temps, rarement la situation sécuritaire, notamment au centre, ne s’est autant dégradée.
Les tenants du « dégagisme » des forces internationales ont de la matière pour étayer leur volonté. Si sur le plan de la lutte contre le terrorisme, l’on peut relativement affirmer que des succès militaires ont été réalisés, par contre, sur le plan de la sécurisation, ce serait tout le contraire. Exit les faveurs octroyées par la France aux rebelles indépendantistes de la CMA, maintenant, beaucoup ne comprennent pas que des massacres des centaines de civils puissent se perpétrer au Mali alors que MINUMA et Barkhane sévissent. Pire encore, nombreux sont ceux qui accusent l’une ou l’autre des deux forces de complicité passive dans ces tueries. D’autres encore pensent carrément que c’est la communauté internationale, à travers les forces internationales au Mali, qui a fourbi un complot pour la déstabilisation du pays avec comme but final, la division.
Cependant, si l’utilité de la composante militaire de la MINUSMA est mise en cause, il n’en est pas de même de Barkhane qui poursuit tant bien que mal la mission de Serval qui mit un grand coup d’arrêt à l’avancée des troupes d’Iyad Ag Ghaly vers le sud du pays. Le dernier bilan, datant de février 2018, dénombrait plus de 450 terroristes neutralisés dans le Sahel par la force française. Il y trois mois, Barkhane pu neutraliser le numéro 2 du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), le bras droit d’Iyad Ag Ghaly, l’algérien Yahya Abou El Hamame. Il s’agit là de succès militaires que l’armée malienne, en pleine restructuration ne peut valablement pas accomplir. D’où la grande utilité de Barkhane. Quant à la MINUSMA, hormis sa composante civile qui semble faire du bien aux populations du nord, celle militaire est un échec cuisant. Preuve d’une telle déroute, la mission onusienne malienne est la plus meurtrière de toute.
Egalement, l’idée que la France entretienne la guerre contre les terroristes pour exploiter les ressources du grand nord malien fait son bonhomme de chemin. En l’état, difficile de trouver de preuves pour étayer une telle théorie. Une chose est sûre, les FAMa, victimes de plusieurs années de destruction et de laisser-aller, ne peuvent relever le défi sécuritaire du Mali, pour le moment.
Quant à la l’inaction des forces étrangères dans les massacres de populations civiles au centre, n’oublions pas que le Mali dispose toujours de forces militaires. De ce fait, est-ce aux forces étrangères d’assurer l’intégralité de la sécurité du Mali ? N’oublions que ces forces agissent dans un cadre bien défini qu’est la lutte contre le terrorisme, et que elles ne peuvent sévir partout à la fois.
Il est donc grand temps que l’Etat malien consacre l’aspect sécuritaire comme la priorité des priorités. Car, la survie d’un Etat ne peut dépendre exclusivement de forces étrangères, aussi armées soient-elles. Les autorités maliennes devront aussi s’armer de courage à la face de la communauté internationale, pour le bien de tous.
Ahmed M. Thiam
Inf@Sept