Au Mali, la Mission des Nations unies a rendu ses conclusions préliminaires sur le massacre d’Ogossagou, du nom d’un village du centre du pays à une vingtaine de km de la ville de Bankass. Ce village a été attaqué le 23 mars dernier, au moins 157 personnes, toutes de la communauté peules, avaient été tuées. L’ONU parle aujourd’hui d’attaque « planifiée, organisée et coordonnée ».
« Au terme de l’enquête, la Minusma est en mesure de conclure que le samedi 23 mars 2019, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé d’au moins une centaine d’hommes armés, identifiés comme des chasseurs traditionnels (dozos) et accompagnés par une dizaine d’hommes en tenue militaire et d’autres en tenue civile, a mené une attaque planifiée, organisée et coordonnée sur la partie peule du village d’Ogossagou », a déclaré la Mission dans un communiqué de presse paru hier.
Ce constat fait suite à une enquête de la Mission des Nations unies au Mali
qui s’est rendue sur place du 25 au 29 mars, juste après les faits donc. Les enquêteurs ont localisé et confirmé l’existence d’au moins trois fosses communes,
contenant au moins 150 corps au total.
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Hommes, femmes, enfants, personne n’a été épargné le 23 mars dans ce village, note le rapport d’enquête préliminaire de l’ONU. La majorité a été tuée par balles, 220 cases ont été aussi incendiées.
Le texte précise aussi que les assaillants étaient au moins une centaine, des chasseurs traditionnels essentiellement, mais aussi une dizaine d’hommes en tenue militaire et d’autres en tenue civile.
Pour l’organisation onusienne, ce qui s’est passé à Ogossagou était « planifié, organisé et coordonné ». Ces exactions pourraient donc être qualifiées de crimes contre l’humanité à condition de pouvoir démontrer qu’elles s’inscrivent « dans un contexte d’attaque systématique et généralisée contre les civils ».
Or l’ONU note déjà que l’incident n’est pas isolé et qu’il s’inscrit dans un climat d’impunité totale à l’égard des groupes d’auto-défense communautaire qui agissent au moyen d’armes de guerre.
La justice, c’est la priorité, assure le chef de la mission onusienne au Mali : « La chaîne judiciaire doit se déclencher rapidement et efficacement », insiste Mahamat Saleh Annadif. Un voeu déjà maintes fois formulé mais en vain.