Les Algériens ont manifesté à nouveau ce vendredi 3 mai. Il s’agit du 11e vendredi de contestation, le dernier avant le début du mois de ramadan. La mobilisation a encore été très forte dans la capitale et dans de nombreuses villes du pays, réclamant le départ de tout le système, mais aussi des slogans hostiles au chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, véritable homme fort du pays. Un mois après le départ de l’ex-président, la détermination des manifestants est la même.
Un mois après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, les Algériens ont pris goût à la liberté de parole. Et comme l’explique cet habitant de Tlemçen à l’ouest de l’Algérie, ils ont bien l’intention de continuer à se faire entendre.
« Ce qui a changé, c’est surtout que maintenant, le peuple a investi l’espace public. Il a cette réelle liberté de s’exprimer. Et le fait de sortir est devenu la bouffée d’oxygène du peuple. C’est presque devenu un besoin. »
Un besoin, parce que mis à part le fait que « la peur a changé de camp » et l’émergence « d’une conscience politique, nationale », au fond, pas grand-chose n’a changé, estime ce manifestant de Bouira en Kabylie.
Une « mascarade »
« Les choses n’ont pas changé, même s’il y a eu des arrestations de figures, d’hommes d’affaires algériens », rappelle-t-il. « Le peuple aujourd’hui juge que c’est une mascarade, un scénario, une mise en scène pour donner de la légitimité à Gaïd Salah. »
Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major, a cristallisé ce vendredi une partie de la colère des manifestants, qui exigent « non seulement le départ des figures classiques du système mais aussi de Gaïd Salah, partie prenante de ce clan corrompu. »
Des hommes et des femmes s’organisent déjà pour rester pendant le mois de ramadan qui s’annonce, explique ce manifestant de Bouira. « Là, on est en train de voir des pancartes qui disent qu’on sera toujours dehors, on sera dans la rue. Aujourd’hui c’est flagrant, c’est tout le peuple qui s’est solidarisé pour dire non à la prochaine présidentielle, prévue le 4 juillet. »