Le Président de la République avait pourtant dit Urbi et Orbi qu’il souhaitait un gouvernement de large ouverture, plus inclusif pour non seulement faire face à la crise multidimensionnelle, mais aussi et surtout faire aboutir les réformes qui lui tiennent à cœur. Finalement, c’est un gouvernement non consensuel et sans certaines grandes formations politiques, et pas les moindres, qui voit le jour. Le Président de la République a-t-il tiré encore à côté ? Pourrait-on espérer juguler les différentes crises sans un minimum de compromis entre les acteurs sociopolitiques ?
Nombreux sont aujourd’hui les observateurs qui se disent déçus de la tournure que les négociations politiques entre le nouveau Premier ministre et l’ensemble de la classe politique et de la société civile ont prises. Les Maliens s’attendaient à un large consensus pour sortir de l’ornière, parce que la crise est d’abord et avant tout politique. Donc, sans compromis politique, point de réformes. A qui la faute de l’échec des négociations surtout quand on sait qu’IBK s’est beaucoup ramolli et auraient accepté beaucoup de points de revendications avant la signature de l’Accord dit politique, selon les partisans. Faux, rétorquent ses opposants qui pensent que c’est parce qu’il est sous les feux des critiques de la Communauté internationale qui dit ne pas comprendre pourquoi l’accord pour la paix et la réconciliation piétine toujours.
Les partis comme l’URD de SoumailaCissé, les FARE An Ka Wuli de Modibo Sidibé, le CNID Faso Yiriwa Ton de Me MountagaTall, le MPR de ChoguelMaiga, la SADI du Dr Oumar Mariko, le MODEC de Konimba Sidibé, le FAD de NouhoumSarr, ont décliné l’offre parce qu’elle ne semble pas donner toutes les garanties pour un travail gouvernemental sans pression ni interférence extérieure. Ces partis disent n’avoir aucune marge de manœuvres leur permettant de jouer pleinement leur rôle d’où le refus de signer un accord politique taillé à la mesure du prince du jour. Pour eux, un texte qui devrait tracer les contours d’une nouvelle gouvernance, après l’échec de toutes les politiques jusque-là envisagées par le régime IBK devrait requérir l’assentiment de tous les acteurs politiques.
Pourrait-on gouverner sans ces partis ou leurs leaders ?
Qu’on les aime ou pas, Modibo Sidibé et SoumailaCissé incarnent certaines valeurs démocratiques et sont des hommes d’Etat aujourd’hui incontournables dans l’échiquier politique malien. Quant à Dr Oumar Mariko, Konimba Sidibé et Me MountagaTall ; ces trois leaders sont des figures emblématiques de la lutte pour l’avènement de la démocratie au Mali. Doit-on parler de révision de la Constitution sans ces hommes et certainement d’autres qui se sont battus sous Moussa Traoré pour plus de justice et d’équité ? Ce serait tout simplement du blasphème politique. Que dire de Choguel Kokalla Maiga, qui, bien que n’étant pas du Mouvement démocratique, a été de tous les combats pour un Mali prospère. S’agissant du Président du FAD, Nouhoum Sarr, il est l’incarnation de cette jeunesse qui sait dire non. Ce jeune loup aux dents longues est aux antipodes de cette autre jeunesse prête à s’inviter autour de n’importe quel plat. M. Sarr pourrait apporter son expertise, il a son mot à dire dans la gestion de la respublica parce qu’il est bien assis intellectuellement.
En somme, l’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé, le gouvernement de Boubou est loin de satisfaire les nombreuses attentes des maliens, surtout qu’il est formé sans ces grandes formations politiques.
Youssouf Sissoko
Inf@Sept