Depuis, hier, mercredi 15 mai 2019, un Colloque international scientifique de trois jours sur « Le respect des droits de l’homme et l’éducation à la paix dans le cadre de la prévention contre l’extrémisme violent » se tient à l’Ecole de Maintien de la Paix, Alioune Blondin Bèye de Bamako. Ledit colloque est organisé par l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest- Unité Universitaire à Bamako (UCAO- UUBa) et la Division des Droits de l’Homme et de la Protection (DDHP) de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali). L’objectif principal de ce colloque est de contribuer au renforcement de la culture des jeunes et autres participants sur l’importance du respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, pour la construction d’une paix durable au Mali. Au cours de la cérémonie d’ouverture, Guillaume Ngefa de la mission onusienne au Mali a fait savoir que l’une des difficultés dans la gestion de la crise malienne est liée au fait que le conflit a été pensé dans des limites géographiques alors qu’il aurait dû être pensé de manière transrégionale.
La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le secrétaire général du ministère des affaires religieuses et du culte, Hama Ould Sidi Mohamed ARBI, en présence du directeur de la division droit de l’Homme et de la protection (DDHP) de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), Guillaume Ngefa-A- Andali, du président de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest, Dr Lonah Clément, du représentant des Evêques, Noël Somboro, des experts comme Daniel A Téssougué, l’ex Procureur général près la Cour d’appel de Bamako et de nombreuses autres personnalités. Prenant la parole, le président de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest, Dr Lonah Clément a fait savoir que ce colloque vise deux résultats. « Le premier résultat est politique : Il s’agit de participer à la construction de la paix dans notre pays, en Afrique et dans le monde. Le second résultat est académique, hautement scientifique: il s’agit de proposer de hautes réflexions, réalistes, dans le respect strict de la rigueur scientifique », a-t-il dit. Il sera suivi du représentant des Evêques, Noël Somboro qui a précisé que l’Eglise est au service de la paix et de la réconciliation. Quant au directeur de la division droit de l’Homme et de la protection (DDHP) de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), Guillaume Ngefa-A- Andali, l’extrémisme violent est devenu un défi mondial grandissant, particulièrement dans le Sahel et la Corne de l’Afrique. « Une faible présence gouvernementale ainsi que de faibles niveaux de sécurité facilitent sa propagation, et permettent à des groupes d’user de violence pour atteindre leurs objectifs idéologiques, religieux ou politiques. L’absence d’orientation ou d’intervention de l’État pour aider à résoudre les problèmes religieux liés à l’extrémisme ne fait que distancer la population des autorités. Ce vide laisse rapidement la place et le champ libre aux groupes extrémistes qui développent des méthodes d’endoctrinement plus attrayants pour les jeunes désespérés », a-t-il dit. A l’en croire, la lutte contre le radicalisme et l’extrémisme violent est une priorité stratégique pour le Haut-commissariat aux droits de l’homme au Mali, notamment à travers des programmes d’éducation et des mesures de prévention contre la radicalisation.
«Une des difficultés dans la gestion de la crise malienne est liée au fait que le conflit a été pensé dans des limites géographiques très précises alors qu’il aurait dû être pensé de manière transrégionale. Cette approche a entravé les efforts de coordination entre les différents acteurs. Aussi, la crise malienne a montré la nécessité d’une évolution doctrinale et d’un partenariat plus étroit entre les Nations Unies et les organismes régionaux. La lutte contre le fléau du radicalisme et l’extrémisme violent devraient également être au centre des stratégiques internationales et régionales, notamment au sein de l’espace du G5-Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et ce à travers des programmes d’éducation et des mesures de prévention contre la radicalisation. Il est donc important d’équiper à la fois les gouvernements et la société civile, d’outils nécessaires pour lutter contre le financement de telles activités déstabilisatrices est donc d’une importance primordiale pour leur sécurité, et pour celle du monde dans son ensemble. Dans cette perspective, il est également important d’exploiter pleinement le potentiel de l’éducation en vue de prévenir l’extrémisme violent à travers des réformes et mesures nécessaires », a souligné Guillaume Ngefa. Pour lui, l’organisation de ce colloque offre une occasion d’inouïe d’initier une réflexion profonde sur les phénomènes qui altèrent le développement d’une « culture active de la paix » au sein des populations, les causes qui sont aussi à l’origine de l’extrémisme violent et du terrorisme, de même que des atteintes récurrentes aux droits de l’homme. Dans son discours, le représentant du ministre des affaires religieuses et du culte, Hama Ould Sidi Mohamed ARBI a mis l’accent sur la politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme et son plan d’actions 2018-2020. Avant d’ajouter que la menace terroriste impose aujourd’hui de la traiter dans un cadre étendu, qui va bien au-delà des frontières nationales. La conférence inaugurale sur le « droit humains et éducation à la paix, apprendre le respect des droits humains et renoncer à l’extrémisme violent », animée par l’ex Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel A Téssougué a mis fin à la cérémonie d’ouverture de cette première édition du colloque.
Aguibou Sogodogo
Le Républicain