Au Soudan, on s’achemine vers la grève générale. C’est du moins l’appel lancé ce mardi par l’Alliance pour la liberté et le changement, la coalition regroupant la société civile et les partis d’opposition, après deux rounds de pourparlers avec les militaires qui n’ont pas débouché sur un accord final.
L’Alliance pour la liberté et le changement avait prévenu la semaine dernière : la mobilisation populaire est son levier politique principal. Elle n’hésite donc pas à la faire grandir pour mettre la pression sur des généraux qui, selon elle, cherchent à gagner du temps, quitte à faire s’embourber les négociations.
L’appel à la grève générale, concrètement, est d’abord un appel à toutes les organisations professionnelles à s’organiser, à se faire connaître de l’Alliance de l’opposition, puis à mettre en œuvre des arrêts de travail, des manifestations de rue et des occupations de site. Il faut dire que les syndicats soudanais, qui avaient été désarmés puis maintenus sous l’étroit contrôle de l’ancien régime, doivent avant tout se reconstituer. D’ores et déjà, une liste de métiers prêts à se lancer dans la grève a été publiée. Elle compte les travailleurs de l’électricité, des transports, le corps médical – qui avait été en pointe dans le mouvement populaire de décembre -, les artistes, les journalistes, les employés de banque, les fonctionnaires, les taxis…
L’idée est de procéder graduellement, avec des débrayages et des manifestations dès ce mercredi après-midi. Le blocage du pays est l’objectif final sachant qu’aucune date n’a encore été fixée pour la reprise des pourparlers.
L’épineux problème du Conseil souverain
Des négociations qui avancent vraiment au compte-gouttes. Les militaires jouent évidemment sur les divisions internes de l’opposition, qui compte des partis politiques parfois antagonistes. L’Association des professionnels soudanais a fait un point sur ces avancées lundi, avant le deuxième round de discussions. Selon eux, les acquis déjà négociés ont été confirmés. Les priorités de la transition de trois ans également. La Commission d’enquête mixte sur les violences de la semaine dernière aussi.
Le point de désaccord, c’est toujours la direction du Conseil souverain qui pilotera la transition. Avec l’appui des chancelleries occidentales, les civils ont fait plusieurs propositions sur l’équilibre des forces en son sein et sur sa gouvernance, mais aucune n’a obtenu l’accord des militaires. Les généraux, soutenus par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, insistent toujours, quant à eux, pour en obtenir la présidence.
RFI