Par R. Mahmoudi – La situation au Mali tourne à la guerre civile. Loin d’avoir défait les groupes djihadistes qui infestent le nord, l’armée malienne, appuyée par les unités de l’armée française et des forces internationales, se voit confrontée à la montée d’une guerre ethnique entre deux communautés : les Dogons et les Peuls, qui rappelle les génocides du Rwanda entre Hutus et Tutsis en 1994. Et comme au Rwanda, l’intervention française est indirectement à l’origine de cette dérive dangereuse qui menace la cohésion d’un pays.
Près d’une centaine de personnes ont péri dans la nuit de dimanche à lundi lors de l’attaque d’un village dogon dans le centre du Mali. Ce massacre intervient après le meurtre de plus de 130 Peuls, en mars dernier, dans un autre village de la région, rapporte l’agence AFP.
Ce village Dogon, qui comptait 300 habitants, a été «quasiment rasé», d’après une source sécuritaire. «Des hommes armés sont venus tirer, piller et brûler. C’est vraiment la désolation.» Les autorités maliennes craignaient le pire, c’est-à-dire l’enquête désigne des milices de l’ethnie peule comme les responsables. Auquel cas, il faudrait s’attendre à «un cercle infernal de vengeance».
Ce massacre fait suite à une série d’attaques meurtrières entre les deux communautés établies dans la même région. Le 24 mars, 134 civils peuls dans le village d’Ogassagou avaient été tués par un groupe de chasseurs dogons. Cette tuerie arrivait après une première attaque meurtrière qui avait touché 39 Peuls dans un village voisin, le 1er janvier.
Cet engrenage interethnique semble encouragé par l’irruption de la Katiba Macina, un mouvement djihadiste dirigé par Amadoun Koufa qui recrute essentiellement parmi les Peuls. Ce qui prouve, au passage, que les groupes islamistes armés, qu’on disait asphyxiés et circonscrits dans certaines poches du nord du pays, se redéployent très facilement dans tout le Mali.
Cet activisme a stimulé les frictions traditionnelles entre les Peuls, éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture. Ces dernières, se disant menacées, ont à leur tour créé leurs «groupes d’autodéfense». A cela s’ajoute la prolifération des armes de guerre au Mali, autre conséquence de la guerre ratée contre le terrorisme.
R. M.
Source: algeriepatriotique.com