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Soudan du Sud: la faim progresse malgré l’accord de paix, selon l’ONU

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La faim a encore progressé début 2019 au Soudan du Sud, malgré la signature en septembre d’un accord de paix qui a très largement fait cesser les combats dans ce pays en guerre depuis 2013, ont averti vendredi plusieurs agences des Nations unies.

“Chaque année (depuis le début du conflit, ndlr), la faim atteint des niveaux sans précédent”, a déclaré Hsiao-Wei Lee, du Programme alimentaire mondial (PAM), lors d’une conférence de presse à Juba. “Des millions de gens ne savent pas d’où viendra leur prochain repas”.

L’échelle IPC, la plus utilisée pour classifier la sécurité alimentaire, distingue cinq phases possibles dans la situation alimentaire d’un pays, la cinquième étant celle de “catastrophe”.

L’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds de l’ONU pour l’enfance (Unicef) et le PAM ont estimé dans un communiqué que 6,96 millions de personnes, soit 61% de la population, auront atteint les niveaux 3, 4 et 5 d’insécurité alimentaire en juillet, au plus fort de la soudure, période située après l’épuisement des récoltes de la saison précédente et avant les nouvelles récoltes.

Début 2019, ce chiffre était encore de 6,1 millions de personnes.

“La soudure actuelle a débuté tôt en raison des stocks historiquement bas récoltés lors de la saison 2018 et a été prolongée par le retard des pluies saisonnières en 2019”, ont souligné les agences onusiennes.

Combiné avec l’instabilité économique, les effets du conflit, les déplacements de population et l’inflation galopante, entre autres, “cela a contribué à (…) une réduction de l’accès à la nourriture”, a ajouté la même source.

Les Etats les plus affectés sont ceux de Jonglei (est), des Lacs (centre), d’Unité (nord), du Nil supérieur (nord-est) et de Bahr el-Ghazal du Nord (nord-ouest).

Une famine “causée par l’homme” avait été déclarée pendant quelques mois en 2017 dans certaines zones du pays. Mais si la définition technique de la famine ne s’applique plus actuellement au Soudan du Sud, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire a augmenté depuis.

Paradoxalement, le nombre de personnes ayant atteint le niveau 5 devrait atteindre 21.000 personnes, soit moins que les 30.000 constatés en janvier.

“Avec une plus grande stabilité dans le pays, l’accès à ceux qui ont besoin d’aide s’est amélioré”, a souligné Mohamed Ag Ayoya, représentant de l’Unicef au Soudan du Sud, cité dans le communiqué. “Mais les niveaux de malnutrition restent critiques dans de nombreuses zones et nous craignons que la situation empire dans les mois à venir”.

Mais selon Pierre Vauthier, directeur adjoint de la FAO au Soudan du Sud, ces 21.000 personnes risquent de se retrouver dans une situation de “famine” si rien n’est fait pour résoudre les causes de leur faim.

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque le président Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président et membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’Etat.

Le conflit, marqué par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leurs foyers.

Un accord de paix conclu en septembre 2018 a entraîné une forte décrue des combats, même s’ils n’ont pas complètement cessé.

AFP

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