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Edito : Le Mali trahi par ses dirigeants

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Les derniers événements dramatiques qui se sont déroulés à Sobane-Da dans la commune de Sangha, le 11 juin 2019 ont fini par étaler au grand jour les failles de la gouvernance au sein des forces  de Défense et de sécurité. D’Alpha Oumar Konaré à IBK en passant par ATT aucun Président de l’ère démocratique ne saurait être dédouané de la mal gouvernance de l’armée, même si c’est à des degrés différents. Le premier Président du Mali démocratique, à savoir AOK, avait dit avec force conviction qu’il n’avait pas besoin d’armée de guerre, mais celle de développement, c’est pourquoi il a consacré peu d’efforts à l’équipement de nos forces de défense et de sécurité. A la suite d’Alpha Oumar Konaré, l’enseignant, c’est un général à la retraite, Amadou Toumani Touré, qui a pris  les rênes du pouvoir en 2002. Créant autour de lui un consensus presque national, ATT n’a pas fait mieux que son prédécesseur dans l’équipement et le renforcement des capacités de l’armée.  La rébellion qui a éclaté en 2006 et qui s’est terminée par la signature d’un accord dit d’Alger en faveur des rebelles, en est la parfaite illustration. Cette rébellion  a montré toutes les limites de notre armée.  Même après la signature de l’Accord d’Alger les hostilités n’ont pas cessé comme en témoigne l’assassinat de plus de 100 militaires  à Aguelhok. Le laxisme, le népotisme et la corruption ont tellement gangréné l’armée qu’ils ont fini  par emporter le général Président suite à une mutinerie qui s’est soldée par un coup d’Etat, le plus stupide et le plus facile du monde, un 22mars 2012, soit à quelques quatre mois de la fin du mandat. La principale revendication des mutins était de doter l’armée des moyens et équipements militaires pour défendre la patrie. La suite est connue. Les hommes forts du 22 mars ont contribué à la désintégration totale de notre pays, à la rupture au sein du commandement avec comme conséquence la chute des régions du nord les unes après les autres sous la coupe des Djihado- Indépendantistes. Il a fallu recourir à la France pour stopper la progression des Djihadistes vers le sud. C’est dans ce tohu- bohu indescriptible qu’IBK a été élu, car ayant bénéficié du soutien de la junte militaire, de la Communauté internationale de l’Administration et d’un préjugé favorable il a été presque plébiscité. Considéré comme l’homme de la situation, IBK devrait  poser les bases d’une véritable refondation du Mali.  Six ans après c’est la grande désolation, la catastrophe. La déception a été à la hauteur de la grande mobilisation qu’il a bénéficiée en 2013. Le décompte macabre fait froid dans le dos, comme si cela ne suffisait pas c’est l’argent du contribuable malien, qui  devrait permettre d’équiper nos forces de Défense et de sécurité, qui semble être détourné vers  d’autres destinations. En tous  cas les derniers remous après l’horrible attaque de Sobane au centre du Mali ont révélé toutes les insuffisances tant du point de vue de l’équipement que du recrutement et de la bonne formation des militaires. Jamais notre outil de Défense et de sécurité  n’a fait l’objet des critiques acerbes de la part de l’opinion nationale voir internationale que ces derniers temps. C’est face à ce constat très amer que le Ministre de la Défense, le Général de Division Ibrahim Dahirou Dembélé aurait tenté de jeter l’éponge pour ne pas être comptable de l’échec de l’armée à ramener la paix dans le pays. Il y a fort à parier que l’argent décaissé, dans le cadre de la loi de programmation militaire qui s’élève à des centaines de milliards qui devrait servir à  l’équipement des forces armées et de sécurité n’a pas utilisé à bon escient.  Sous d’autres tropiques les autorités  impliquées dans l’achat  des équipements, devront rendre compte.  Disons  que le Mali a été trahi par ses dirigeants.

Youssouf Sissoko

Inf@Sept

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