Le procureur du pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, Boubacar Sidiki Samaké a animé un point de presse hier dans la salle de conférence du ministère de la Justice. Il faisait ainsi le point de l’enquête judiciaire ouverte suite à l’attaque de Sobane Da dans la Commune de Sangha.
Selon le procureur Boubacar Sidiki Samaké, c’est sur instruction du garde des Sceaux qu’une enquête a été ouverte au pôle judicaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée sur l’attaque dont le hameau de Sobane Da a été victime.
Pour les besoins de l’enquête, il s’est rendu sur place avec 36 enquêteurs de la brigade d’investigation spécialisée, de la brigade d’enquête du pôle spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée. Il y avait aussi six policiers spécialistes en police scientifique et technique, six gendarmes spécialistes de la police technique et scientifique et sept enquêteurs de la légion de gendarmerie de Mopti. Les enquêteurs se sont rendus à Sobane Da où ils ont passé trois jours. Au retour, ils se sont arrêtés à Sangha pour recueillir des éléments d’enquête. Le magistrat a expliqué que l’équipe a d’abord procédé à la fixation de la scène du crime, au recueil d’indices et aux auditions des témoins et des victimes.
« Ce qui s’est passé, c’est que le 9 juin aux environs de 17 heures, plusieurs motocyclistes détenant des armes de guerre se sont attaqués au hameau de culture de Sobane Da du village de Koundou dans la Commune de Sangha. L’attaque qui aurait débuté aux environs de 17 heures a duré jusqu’à 23 heures », a expliqué le procureur Boubacar Sidiki Samaké. Ces motocyclistes criant « Allah Akbar » se sont attaqués au hameau de manière organisée. Car un groupe est rentré dans le hameau incendiant, tirant et terrorisant les habitants. Un second groupe s’est mis à rassembler le bétail et à demander de l’argent aux habitants tandis qu’un troisième groupe encerclait le village et empêchait quiconque de rentrer ou de sortir.
« Pris en otage, les habitants de Sobane Da ont subi les exactions de ce groupe. Il y a plusieurs personnes qui sont décédées des suites des incendies, par armes blanches et armes à feu », a-t-il déploré, ajoutant que du bétail a été emporté tandis que des habitations et des greniers se sont effondrés après avoir été brûlés. Au regard de ses constats sur le terrain, M. Samaké dira que le bilan provisoire est susceptible d’évoluer au fur et à mesure des constatations. Il a dit regretter la polémique autour du nombre de morts, car pour lui, un seul mort est déjà de trop dans une affaire de cette nature. « On ne peut même pas décrire les atrocités parce qu’il y a eu des corps calcinés. C’est l’un des évènements les plus macabres que nous connaissons encore », a témoigné le magistrat avant de préciser que les constatations n’ont pas permis d’aller au-delà du bilan de 35 personnes décédées. Par ailleurs, les enquêteurs ont recensé neuf personnes blessées dont sept par brûlure et deux qui se trouvent dans un état de choc.
Mais aussi, les enquêteurs ont pu dénombrer 108 personnes déplacées au niveau du village de Koundou et qui vivent dans une école. D’autres personnes dont le nombre reste à déterminer se sont déplacées dans d’autres villages, a précisé le procureur Samaké.
Dressant le bilan de cette attaque, il a précisé que sept enclos de bétails, un bovin, 11 caprins, un âne, un cheval, trois poulets et 22 greniers, 16 maisons, 14 hangars, une cuisine, trois magasins, sept poulaillers, trois charrues, quatre charrettes, cinq motos, cinq cantines, deux vélos, deux jantes pour charrettes et un Toguna ont été brûlés.
En outre, le procureur a ajouté que les investigations ont permis de rassembler des pièces à conviction composées d’étuis de PM 7,62 et de fusils de chasse. Ce qui prouve l’utilisation d’armes de guerre lors de cette attaque.
Pour prévenir ce genre de situations, le procureur Samaké a demandé la collaboration de la population en dénonçant tout fait susceptible de représenter une menace pour leur sécurité et surtout de ne pas céder à la passion et à l’amalgame.
Enfin, il a souhaité plus de synergie entre les différents services de l’Etat et le désarmement des milices.
Dieudonné DIAMA
Source: L’Essor- Mali