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Accord pour la paix, 4 ans après : Le navire Mali tangue toujours

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L’accord d’Alger, pour la paix et la réconciliation au Mali, met en relation les représentants du gouvernement et l’ensemble des groupes armés. Cet accord issu de longues discussions et réflexions, depuis le début de la rébellion du nord, a quatre ans d’existence. Quatre après sa signature, qu’est-ce qui a changé sur le terrain et dans le processus de paix ?

 

20 juin 2015-20 juin 2019, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita et les groupes rebelles paraphaient, au CICB, l’accord pour la paix issu du processus d’Alger. L’espérance d’un lendemain apaisé a toutefois fait place à un immobilisme, voire une exacerbation de la fragilité du pays qui est tiraillé entre des forces contraires pourtant parties prenantes du processus. Quatre ans, c’est peu de temps, mais c’est suffisant pour reconnaître ce qui ne tourne pas rond dans l’accord.

Depuis sa signature, certes, des réalisations ont été faites dans sa mise en œuvre par les acteurs (gouvernement malien, mouvements armés). Mais malgré certains progrès, il reste beaucoup à faire pour une paix et une stabilité durable.

La situation sécuritaire du pays a beaucoup changé dans le mauvais sens. Les régions de Gao, Tombouctou, Mopti et Kidal sont l’épicentre de l’insécurité causée par les djihadistes ou provoquée par le contreterrorisme. La sécurité a déserté les régions de Mopti et Ségou où les attaques terroristes ont pris une nouvelle dimension en essayant d’opposer des communautés ayant vécu ensemble pendant longtemps.

Le plus difficile pour le Mali sera de surmonter cette tendance des groupes terroristes à mettre, volontairement ou non, les communautés dos à dos dans un contexte d’insécurité. Le challenge est particulièrement dur pour les forces de défense et de sécurité qui doivent trouver la meilleure façon de conduire le contreterrorisme partout à travers le pays sans être vexatoires pour les communautés.

Les exactions contre les communautés peule et dogon sont commises par des personnes ou des groupes de personnes non identifiables. Dans les cercles de Bankass, Koro et Bandiangara, la situation est plus préoccupante qu’à Kidal. Il est à reconnaître que pour la paix et la réconciliation au Mali,il y’a beaucoup de défis à surmonter. Il y’a des difficultés de réalisations au niveau des quatre volets de l’Accord que sont : les réformes politiques et institutionnelles ; la défense et la sécurité ; le développement économique, social et culturel ; la réconciliation, la justice et les questions humanitaires.

Nombreux sont les défis qui se posent au niveau de la mise en œuvre de l’Accord : l’opérationnalisation des bataillons du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) dans les régions nord du pays, l’installation et le fonctionnement des autorités intérimaires et des collèges transitoires, le déploiement des patrouilles mixtes ; le retour de l’administration dans toutes les régions nord et le rétablissement des services sociaux de base.

«L’une des perspectives de la mise en œuvre de l’accord est d’accélérer le processus de cantonnement et démobilisation désarmement réinsertion/ intégration, tout en prenant des réalités nouvelles créées par l’évolution de la situation», selon le président Ibrahim Boubacar Keita, lors de son discours pour son 3ème anniversaire.

Cet accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger qui devrait permettre normalement une sortie de crise, piétine. Car, au nord comme au centre du pays, les attaques se multiplient contre les civils et les forces armées maliennes et internationales, sans oublier la montée en puissance de l’insécurité grandissante.

Paul Dembélé

Nouvelle Libération

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