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crise sécuritaire et risque de guerre interethnique, Dioncounda peut-il sauver la région du centre de l’embrasement ?

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En nommant le Pr Dioncounda Traoré comme Haut représentant du président de la République pour le centre, le président IBK prend le pari d’une certaine stigmatisation de la situation sécuritaire de cette zone. Mais l’ancien président de la République intérimaire pourra-t-il résoudre cette délicate équation aux multiples inconnus ?

La région du centre du Mali est aujourd’hui durement éprouvée par les nombreuses tueries qui s’y déroulent à longueur de semaines. Koulongo, Ogossagou, Sobane-Da, Yoro et GangafanI sont, entre autres, ces points ensanglantés de tristes et frais souvenirs de la barbarie humaine.

La tragédie est devenue si préoccupante, et « menaçant la survie même de la nation » qu’après avoir appelé, récemment à un sursaut national salvateur, le chef de l’Etat a décidé de nommer une autorité spécialement affectée à la situation. Il vient de nommer l’ancien président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré au poste de Haut Représentant personnel pour le Centre.

Par rapport à son expérience politique et sa connaissance des dossiers sécuritaires, l’on peut présumer que le Pr Dioncounda a les atouts nécessaires pour poser les jalons de l’extinction des braises qui couvent dans la région du centre du pays. L’ancien président de l’Assemblée Nationale, non moins ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous le président Alpha Oumar Konaré devrait s’entourer d’une équipe de hauts cadres dont des militaires pour réussir cette délicate mission.

L’on annonce déjà que le mathématicien, originaire de Nara (qui connaît aussi des incursions de djihadistes et terroristes venant de la forêt du Wagadu) se prépare à mettre sur pied un cabinet de sécurocrates dont l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, des officiers supérieurs, des anciens gouverneurs de la région de Mopti.

Il faut noter tout de même que certains observateurs auraient préféré que le chef de l’Etat nomme à cette responsabilité un ressortissant de la région de Mopti comme le président Amadou Toumani Touré, censé mieux connaître les réalités socio-culturelles de ce terroir à dominance Peule et dogons.

Cela n’empêche de noter que la situation sécuritaire du centre du pays et en particulier dans la ville de Bandiagara s’est sérieusement dégradée, ces derniers jours, au point que la semaine dernière a été marquée par des menaces ethniques qui ont mis à mal le vivre-ensemble entre les différentes communautés. C’est suite à l’appel lancé par la milice dénommée « Dana Ambassagou » (fausses alertes ou rumeurs montées de toutes pièces) à l’endroit des Peuls de quitter la ville. Le maire a démenti et le chef de la milice a aussi a démenti ces menaces…

Ce qui n’a pas dissuadé le chef d’État-major général de l’Armée malienne, le Général Abdoulaye Coulibaly, à séjourner à Bandiagara, le week-end dernier, où il a tenu des réunions avec les troupes et rassuré les uns et les autres sur le calme qui prévaut. Des patrouilles des FAMAs ont été observées et les appels au vivre–ensemble et à la paix ont été distillés à  hauteur de souhait. Toute chose qui a créé une psychose dans la ville et la région augurant que la tâche du Haut Représentant ne sera pas une promenade de santé. Tant les replis identitaires se sont exacerbés, la circulation des armes et la méfiance entre différentes communautés ont atteint un niveau jamais égalé.

En effet, dans un « Compte rendu de la situation sécuritaire du 20 juin 2019 » di Commissariat de police de la ville de Bandiagara, adressé au Directeur régional de la police nationale de Mopti, l’on apprend que plusieurs cadres Peuls et leurs familles ont quitté la ville. Il s’agit du médecin du centre de santé de référence de Bandiagara, Abdoul Karim Doumbia plus une bonne partie de son personnel (gynécologue, médecins, infirmiers et aides-soignants). Idem pour l’imam de la grande mosquée de la ville, Mody Cissé, les membres de la grande famille Tall, les femmes et les enfants. Ce médecin-chef serait revenu ce week-end, le vendredi dernier, pour tenir une réunion avec plusieurs jeunes. Et des informations visant à rassurer les uns et les autres, ont été partagées et relayées sur les radios locales, mais la peur demeure au sein des populations.

L’on signale également qu’ont quitté la ville par peur de subir des violences à caractère ethnique, le Conseiller spécial du coordinateur des chefs de quartier de Bandiagara, Oumar Bah dit Poulo Bah, le premier adjoint au préfet, Youssouf Diallo, le Directeur de la SOMAGEP, Cheick Amadou Tidiane Sangaré, le Directeur de la BNDA, Garibou Coulibaly avec tout son personnel, dont la structure est fermée le mercredi 19 juin à nos jours, le Directeur de la BMS, Modibo Sangaré avec son personnel, dont la structure est fermée le lundi 17 juin à nos jours.

Et le document de la police a précisé qu’un grand nombre de « population peulh » a quitté la ville de Bandiagara en direction de Bamako et Sévaré. « Au niveau du tribunal de Bandiagara, il ne reste plus que la greffière et les secrétaires », précise le compte rendu du commissaire de police Mody Diakité.

Tout cela ajouté aux difficultés de subsistance liées à la rareté des pluies et à l’insécurité alimentaire complique davantage la tâche au Pr Dioncounda Traoré. C’est à lui de nouer les contacts nécessaires pour rassurer les notabilités et réussir le pari de pacifier une région véritablement sur des braises. Un pari risqué et osé pour l’ancien président de la Transition 2012-2013.

Boubou SIDIBE

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