L’infrastructure, dont les travaux s’étaleront sur près de quatre ans, coûtera au total 15,4 milliards de Fcfa. Elle pourra accueillir 300 étudiants à la rentrée universitaire 2022-2023
Bientôt, les locaux devant abriter la future École africaine des mines du Mali (EAMM) sortiront des terres en Commune VI, à quelques encablures de l’aéroport international Bamako Sénou. Une infrastructure à la dimension des ambitions des autorités maliennes qui souhaitent développer un marché de l’emploi qualifié dans le secteur des mines. C’est le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, qui a posé, hier dans l’après-midi, la première pierre de l’infrastructure, dont les travaux s’étaleront sur près de quatre ans pour un coût total de 15,4 milliards Fcfa. Des membres du gouvernement, notamment la ministre des Mines et du Pétrole, Mme Lelenta Hawa Baba Bah, ont été témoins de cet acte.
Conçue sur un modèle de campus universitaire, la future École des mines disposera d’outils à la pointe de la technologie : bâtiments administratifs et d’enseignement, laboratoire ultramoderne, bibliothèque, espaces de restauration et de logement sous forme de résidence universitaire et de zones de loisirs… Le tout réparti sur une superficie de 20 hectares.
Selon le planning, l’EAMM ouvrira ses portes à la rentrée universitaire 2022-2023 et pourra accueillir jusqu’à 300 étudiants qu’elle formera sur des programmes d’ingénieur minier, de géologie minière et en technologies minérales. Elle permettra, du coup, de pallier le déficit que le secteur connaît en matière de ressources humaines ayant les expertises de pointe indispensables de nos jours au développement tant souhaité de l’industrie minière.
«Une chance pour notre pays, et surtout pour la Commune VI d’abriter cette école», a déclaré le maire Boubacar Keïta, tout en souhaitant que cet établissement contribue à assurer la continuité du service de formation qualifiée et augmenter l’autonomie de notre pays dans son système de gestion de ses ressources minières.
Mamadou Samaké, représentant des sociétés minières du Mali, n’en espère pas moins. Il s’est montré heureux, rien qu’à l’idée que ce projet va répondre à la question récurrente de disponibilité des ressources humaines de qualité. Cependant, a-t-il dit, le défi sera d’assurer le bon fonctionnement de cette institution de formation. Enfin, M. Samaké a assuré que les sociétés minières au Mali mettront à la disposition des étudiants l’environnement professionnel nécessaire à leur formation.
Dans son intervention, la ministre des Mines et du Pétrole a étalé le potentiel minier du Mali, qui cependant manque encore suffisamment d’hommes et de femmes capables de maximiser sa rentabilité. Plus frustrant, il est établi que les ressources humaines nationales sont rares à des instances de décision dans les mines. Cette pose de première pierre consacre donc l’entame de la réalisation d’un rêve qui est d’avoir un secteur minier performant. « Un grand pas vers l’amélioration de l’exploitation des ressources minérales pour une croissance économique équitable et inclusive et un développement durable, eu égard aux potentialités de notre pays », s’est réjouie Mme Lelenta Hawa Baba Bah, ajoutant que l’EAMM sera également un instrument au profit de l’intégration sous régionale dans un domaine sensible qu’est la formation des cadres pour nos économies. Après avoir posé la première pierre, le Premier ministre a estimé que cet acte est porteur d’espoirs à tous égards. D’abord pour le Mali, parce qu’il marque le début de la concrétisation d’un souhait de l’Etat et qui correspond aussi à des besoins exprimés par l’industrie minière.
Dr Boubou Cissé a souligné l’importance de l’apport du secteur minier à la richesse nationale, persuadé qu’il peut «encore nous rapporter davantage» si l’on réussissait à lever certains facteurs handicapants. Il faisait notamment allusion à l’indisponibilité de ressources humaines et au manque de développement des compétences. Des problèmes auxquels l’EAMM se propose d’apporter des solutions. « Nous allons pouvoir mettre à la disposition de l’Etat malien et de l’industrie minière les compétences nécessaires pour que cette industrie puisse apporter davantage à notre économie », a assuré le chef du gouvernement.
Autant qu’elle l’est pour notre pays, cette école est aussi porteuse d’espoir pour le continent, dont des pays ont concédé volontiers cette opportunité au Mali.
« Parce que notre pays a l’avantage comparatif nécessaire d’abriter cette école qui recevra des enfants de nos pays limitrophes, de l’Afrique de l’Est et du Sud», a indiqué le Premier ministre. Il a assuré que tous les préalables nécessaires à la réalisation de ce projet ont été faits : études de faisabilité et architecturale. Quant aux financements, une partie est déjà disponible sur le budget d’Etat, a précisé Dr Boubou Cissé, notant au passage que «les partenaires techniques et financiers nous ont assurés de leur concours». Cette cérémonie fut également l’occasion de sensibiliser, à travers un sketch, sur le fléau que représente le dragage dans nos fleuves et cours d’eau.
Issa DEMBÉLÉ
Essor