Dans un enregistrement daté du dimanche 23 juin 2019, dont nous avions reçu copie ce jour mercredi 26 juin 2019, un chef djihadiste éclaire un facilitateur dozo sur leurs missions au Mali. D’après le chef djihadiste, ils ne sont contre ni les chasseurs, ni les populations, mais l’armée malienne, la France, la Minusma… En un mot la démocratie.
Après recoupement auprès de certains habitants de Kouakrou (village Bozo cité dans l’enregistrement), nos contacts ont certifié l’authenticité de l’élément. Selon eux, ce n’est pas le premier enregistrement. Il y a eu des rencontres entre les Dozo et les djihadistes plusieurs fois afin de mettre fin aux hostilités et permettre aux populations de reprendre les activités dans les zones sous le joug de la terreur depuis une longue période dans le centre du Mali. Un de nos contacts nous a même fait parvenir un autre enregistrement en Peulh qui explique les différentes démarches entreprises par les djihadistes pour éclairer la lanterne des populations sur leurs missions.
Nous vous proposions une transcription de l’élément bambara de 16 minutes que nous avions écouté.
« Le message que nous avions à l’endroit des Dozo, nous sommes pour la paix. C’est ce message qui a été véhiculé en Peulh et en Bambara. Nous sommes pour la paix plus que tout le monde. Nous voudrions que tout le monde puisse s’entendre autour de la religion d’Allah. Celui qui est contre la religion d’Allah va s’occuper de tes travaux champêtres, de tes bétails, de ta pêche… éloigne-toi des fidèles de Dieu. C’est cela notre principe. Les Dozo et nous avions échangé à Carriéri (Zone de Nampala…) ; les combats ont commencé dans cette zone. En ce lieu, nous étions allés pour prêcher. Étant sur place, un dozo a assassiné deux de nos hommes. Les jeunes qui nous accompagnaient ont exigé qu’on aille assassiner tout le village. Nos vieux ont dit que cela n’est pas possible pour la simple raison que selon eux, l’attitude du criminel n’est pas une décision de tout le village. Alors il a été décidé de ne rien faire jusqu’à retrouver l’assassin. Le jour où il a été attrapé… après il y a eu des rencontres. Nous avons été très clairs avec les Dozo. Ce n’est pas eux notre cible encore moins les villageois. Nous sommes là pour véhiculer le message de Dieu. Celui qui l’entend c’est bien, mais dans le cas échéant nous n’en faisons pas un scandale. Nous leur avons dit qu’ils ne sont pas des administrateurs, des juges… notre cible, ce sont les hommes qui rendent la justice.
Il faudrait que vous compreniez que ce sont les Dozo qui nous ont attaqués. Dès aujourd’hui, si l’on s’entend, nous allons informer tous nos hommes de ne toucher à personne, les biens d’autrui… Nous leur demanderons d’arrêter le combat. Nous n’avons rien contre vous, car quand nous sommes arrivés, nous ne nous sommes dressés ni contre les Bozo, ni contre les Dogon, ni contre les Bambara. C’est vous qui nous avez combattus. Vous-même l’avez confirmé. A par les hommes de la justice, les hommes de la démocratie, nous n’avons attaqué personne.
Avant vous, les gens de Kouakrou nous ont combattus alors que nous leur avons tout simplement passé le message de Dieu. Ils nous ont combattus tout simplement pour ça. C’est ça notre travail. Nous n’avons rien d’autre à faire. Pas plus tard une semaine, ils sont venus nous voir pour qu’on arrête la guerre, car elle n’a que trop duré. Nous leur avons garanti que tout est fini. Qu’ils puissent aller pêcher, faire la foire… Nous ne sommes pas contre les populations et les Dozo, mais ceux qui rendent la justice. Qu’ils arrêtent ou pas, nous n’allons pas les laisser sauf si on meurt. Va dire à tes parents Dozo, qu’ils s’éloignent du champ qui nous oppose à l’armée malienne, la France, la Minusma… en un mot les forces étrangères sur le sol malien.
Les Dozo et nous, nous avons plusieurs fois échangé et trouvé des terrains d’entente entre nous. Mais parfois, certains ne respectent pas les accords. Cela a été le cas de Kiguiri.
Pour ce qui concerne les gens de Carriéri (zones de Nampala et autres), nous avons convenu des choses qu’ils ont respectées. Ce qui fait que nous sommes en parfaite harmonie avec eux. Nous n’attaquons aucun de leurs villages et si quelqu’un touche à un de leurs biens, dès qu’ils nous informent nous entrons en actions et faisons en sorte qu’ils puissent retrouver la chose enlevée par la force. En un mot, toute personne qui est injustement touchée, si elle nous informe, nous faisons de notre mieux…
Pour revenir sur le cas de Kiguiri, on n’a jamais pu s’entendre. Raison pour laquelle nous sommes en conflit avec eux.
En tout cas, notre mission c’est contre la démocratie. Nous allons la combattre jusqu’à notre dernier souffle dans ce pays… »
La Rédaction
Le Pays