L’administration malienne est devenue un dinosaure, qui n’est plus adapté au Malien contemporain. C’est du moins, l’avis du président du Conseil national du patronat du Mali, Mamadou Sinsy COULIBALY, pour qui notre administration a montré toutes ses limites et doit faire sa mue. « On a une administration coloniale qui date depuis les années 1890, où vous avez le Préfet, le gendarme du coin, vous avez un certain nombre de magistrats qui rackettent les populations. Ça, il faut que ça s’arrête et immédiatement », a-t-il conseillé. Si Amadou KOUFFA a réussi à gouverner le centre, c’est parce qu’il a arrêté le rackettage de l’administration malienne, est-il convaincu.
Nous vous proposons l’intervention du président du Groupe Klédu lors du débat du club de la presse de la radio Klédu de ce samedi 29 juin 2019.
D’abord, dans un premier temps, il faudrait qu’on arrête d’accuser les gens, qui viennent nous aider, les partenaires du Mali. Ce jour viendra où on va pouvoir accuser les uns et les autres, tous ceux qui ont œuvré à mettre le pays en péril. Il faudrait que l’on comprenne que tous ceux qui arrivent au Mali, c’est notre faute à nous tous. Ce n’est ni la faut de l’occident ni la faute de l’orient, c’est notre faute. Depuis le 26 mars 1991, le pays n’est pas gouverné. Le 26 mars nous a laissé un héritage, cet héritage continu. Il faudrait que cette gestion s’arrête rapidement, parce qu’un jour viendra où se qui se passe au centre, se passera à Bamako ici. La solution nous appartient, c’est nous qui devrons apporter la solution. C’est nous qui devrons dialoguer entre nous. On ne se parlait pas. Je parie que les 50 % de ceux qui sont dans la salle ne sont jamais partis à Kidal. C’est nous qui devrons imposer notre solution à des gens, à des organisations, à des pays amis qui viennent nous aider. Personne ne peut décider à notre place si ce n’est pas nous même. C’est à nous de leur dire voilà ce que nous voulons. Malheureusement, il y a deux forces qui se côtoient et qui cherchent des solutions au problème malien. Nous sommes (société malienne) une société hiérarchisée, codifiée, qui développe à l’individu l’hypocrisie. Autant, nous nous les Maliens, nous sommes hypocrites, autant ceux qui vienne nous aider, je veux parler des occidentaux, sont arrogants. Mais comment pouvoir trouver la solution pour dialoguer entre nous, pour trouver une solution qui permettra, très rapidement, de trouver la solution à notre problème. Je dirai que le problème se situe à deux niveaux. Il y a d’abord la mauvaise gouvernance que nous connaissons dans ce pays, surtout vous les jeunes, vous savez mieux que nous ; et cette dimension économique qu’on n’intègre jamais. Voilà les deux maux de notre société. L’économie et l’entreprise ne sont pas encore maitrisées par ceux qui veulent faire en sorte que le Mali vive mieux en éradiquant l’insécurité dans notre pays. Ça ne peut pas se faire sans l’entreprise, et c’est l’entreprise qui apportera cette solution.
L’administration malienne est devenue un dinosaure, qui n’est plus adapté au Malien contemporain. L’administration malienne actuelle ne peut plus nous gouverner, il faut qu’elle fasse sa mutation et cette mutation, c’est à vous les jeunes d’imposer cela. Ce n’est pas les Occidentaux qui viendront le faire à notre place, c’est vous et moi, l’avenir nous appartient.
On a une administration coloniale qui date depuis les années 1890 où vous avez le Préfet, le gendarme du coin, vous avez un certain nombre de magistrats qui rackettent les populations. Ça, il faut que ça s’arrête et immédiatement. Si Amadou KOUFFA a réussi à gouverner le centre, c’est parce qu’il a arrêté le rackettage de l’administration malienne. Je veux parler d’un certain nombre de magistrats, d’un certain nombre de gendarmes, de préfets, de sous-préfets qui ne font que racketter les populations et Amadou KOUFFA a arrêté tout ça. Ils sont avec lui, ce n’est pas parce qu’ils sont des terroristes, c’est parce que Amadou KOUFFA a enlevé cette mauvaise gouvernance sur la population. Je dirai aussi que très souvent, on accuse la France d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali. C’est nous qui les avons appelés. Si vous voulez, vous n’avez qu’à demander aux gouvernants de ce pays de les faire partir. Ils vont partir tout de suite. Mais sachez une chose, que la deuxième ville du Mali se trouve en France, c’est Montreuil en termes de population, en termes d’économie. Il faut faire attention, on a besoin aussi de la diaspora ; on a besoin de l’économie de la diaspora pour venir développer chez nous.
On accuse tous les jours les FAMAs. Je ne suis pas d’accord pour ça. Ils savent se battre comme les Européens. Mais, qui d’entre vous s’est levé un seul jour pour aller voir la gestion de l’armée malienne. Qu’est-ce qu’on fait avec l’argent de nos impôts à l’armée ? Personne ! Comment ces FAMAs sont habillés, comment ils sont équipés. Il faut qu’on leur fasse confiance. Et l’argent est détourné par les différents états-majors, par le ministère, l’État-major général, ainsi de suite. Et le pauvre soldat est sur le terrain et n’a même pas 20 minutions à sa disposition. Pour combattre les djihadistes, ils disent souvent, on a appelé dans un village où se trouvaient les djihadistes, les FAMAs ont mis 5 heures, 6 heures ou deux jours pour venir. S’il n’y a pas de logistique, s’il n’y a pas d’essence dans leur camion parce que l’essence a été détournée, s’il n’y a pas de munitions parce qu’ils attendent les munitions. Il faut auditer tout ça. Et ces FAMAs, on les accuse à tort et à travers. Il faut leur faire confiance ! Il faut les soutenir et voir clair dans le budget de l’armée malienne. Ça, c’est très important si vous voulez avoir des résultats des FAMAs. Tous ces massacres qui se font au centre, qu’est-ce qu’on voit aujourd’hui ? Ces cadavres qu’on nous montre, il n’y a pas un seul jeune parmi ces cadavres. On parle de la sauvagerie des assaillants, c’est parce qu’il n’y a pas de jeunes dans ces villages. Tous ceux qu’ils y trouvent, ils tuent. Même les bébés ! Où sont les jeunes ! Ils sont à Bamako ! Ils sont tous venus à Bamako, ils sont là parmi nous. C’est eux qui entretiennent les familles, les cousins, les autres parents au village. Ils vont rester parmi, ils ont goûté au goudron, à la l’électricité qui ne se trouvent pas chez eux. Et tout ça est dû à la mauvaise gouvernance. Ils vont se marier, avoir des enfants. Qu’est qu’ils vont devenir d’ici à 2025 ? Et personne ne pense à ça. Et ça va être un autre problème.
Le mandat de la MINUSMA qu’on vient de renouveler ni vous les jeunes ni nous secteur privé n’ont été consultés. Les hommes politiques qui nous gouvernent sont allés signer des choses en notre nom sans nous consulter. Et cette dimension économique de la crise n’est pas prise en charge. On est obligé d’assumer maintenant parce que c’est signé. Il ne faut pas accuser la MINUSMA, il ne faut pas la France, ce sont vos gouvernants qui sont partis aux Nations unies pour signer devant tout le monde entier. Et aujourd’hui, on se lève pour dire MINUSMA est ceci et cela. Si vous devez vous en prendre à quelqu’un, il faut s’en prendre à nos dirigeants. Je pense qu’il faudrait avoir une approche globale de sortie de crise. L’approche politique doit aller de pair avec la dimension économique. Une petite dose économique pour développer les entreprises.
Vous voyez, quand vous quittez Ségou, il n’y a plus d’industries jusqu’au Kidal. Le secteur privé n’est pas présent dans ces zones. Il faudrait qu’on se concerte avec les partenaires, comment créer rapidement des entreprises qui emploient beaucoup de mains-d’œuvre dans ces zones. Et ensuite, on fera appel aux entreprises internationales pour qu’ils nous apportent leurs expériences. On a besoin de ces firmes internationales. Il faut qu’on se fasse confiance. Personne ne nous fait confiance, au niveau du secteur privé. On nous traite de voleurs, de tricheurs de trafiquants…, on sait qui est voleur au Mali, qui est l’homme le plus riche. C’est quelques fonctionnaires de la république. L’argent est caché quelque part et n’est pas réinjecté dans l’économie malienne. Et nous secteur privé, on nous rackette tous les jours. Comment-on se développer ?
Par Abdoulaye OUATTARA
Info-Matin