Après une rencontre, le lundi 1er juillet dernier à Sévaré, deux importants groupes armés d’autodéfense Dogon et Peulh, respectivement Dan Na Ambassagou et le MSA, se sont engagés à unir « leurs efforts pour un retour rapide et définitif de la paix, de la cohésion et du vivre ensemble au centre du Mali. »
Dans un communiqué conjoint, le lundi dernier, Dan Na Ambassagou et le MSA, deux importants groupes armés d’autodéfense Dogon et Peulh, ont décidé de fumer le calumet de la paix afin que la paix soit de retour dans le centre du Mali. Ledit communiqué est signé par : Sékou Bolly ( leader du groupe armé Peulh) , Marcelin Guengere ( leader du groupe armé Dogon) et Abdoulaye Pona ( président de la commission d’organisation de la concertation familiale et sociale sur la crise au centre du Mali), le facilitateur de la rencontre entre les leaders des groupes armés.
Selon deux groupes armés d’autodéfense, la région de Mopti est aujourd’hui « victime de violences de tous ordres, préjudiciables à la paix sociale et au vivre ensemble. » On assiste, disent-ils, à une détérioration de la cohabitation entre communautés peulh et dogon et la prolifération de groupes d’autodéfense et d’autres groupes violents et radicalisés. Les deux groupes armés parlent aussi d’une « mise à sac de la région de Mopti : enlèvement de bétail, destruction de greniers, embargo sur les foires, entraves à la libre circulation des personnes et de leurs biens.»
Ils estiment donc nécessaire la « mise en œuvre des conditions d’un cessez le feu entre groupes armés Peulh et Dogon d’une part et d’une mutualisation des efforts des leaders et autorités légitimes de la région pour la culture de la Paix, de la Cohésion sociale… »
Au vu de tout ces problèmes, les deux groupes armés, en toute bonne foi et en toute sincérité, ont décidé de mettre en commun leurs efforts pour un retour rapide et définitif de la paix, de la cohésion et du vivre ensemble au centre du Mali et d’unifier l’ensemble des groupes d’autodéfense Peulh en vue d’en faire un interlocuteur fiable face à l’Etat. Les deux groupes armés ont aussi accepté d’arrêter immédiatement le cycle des attaques et représailles sur toute l’étendue de la région à l’effet d’éviter les violences intercommunautaires, de favoriser la reprise des activités agricoles et de transhumance et le retour des déplacés. Dan Na Ambassagou et le MSA veulent « instaurer une synergie d’actions entre groupes d’autodéfense Peul et Dogon en vue de mettre hors d’état de nuire les groupes incontrôlés opérant au Centre. »
Les deux groupes armés appellent l’Etat malien à jouer son rôle régalien de défense, de protection des personnes et de leurs biens et de pratique de bonne justice et d’une bonne gouvernance, facteurs de paix et de cohésion. Les groupes armés ont appelé à la mise en place d’un PC opérationnel dans la région de Mopti. Ils se sont engagés à mettre fin aux propos haineux et vindicatifs proférés par une communauté à l’encontre d’une autre communauté dans certains medias et notamment sur les réseaux sociaux, à mettre en place un comité de Veille et de Suivi impliquant les communautés, la Plateforme et la concertation familiale et sociale et une représentation de l’Etat.
Alors que plus de 70 civils ont été tués en juin dernier, le centre du Mali semble plus que jamais basculer dans le chaos. Les troubles poussent, aujourd’hui, des habitants de la région à prendre la route pour fuir des nouvelles violences. Des centaines de civils ont ainsi fui le cercle de Bandiagara. Ainsi malgré leur dissolution officielle, des groupes d’autodéfenses, qui se sont transformés en groupes de terreur, échappent complètement au contrôle de l’Etat malien. Selon des experts, les tueries de masse sont imputables aux combattants des milices locales, notamment en raison de conflits territoriaux et de violences intercommunautaires.
Face à ces violences intercommunautaires au centre du Mali, le conseil de sécurité des Nations Unies a aussi demandé aux autorités maliennes de «désarmer sans délai toutes les milices », de renforcer l’action qu’elles mènent pour rétablir des relations pacifiques entre les communautés et de faire en sorte que tous les responsables de violations dans le centre du Mali aient à répondre de leurs actes et soient traduites devant la justice dans les meilleurs délais.
M.K.D
Le Républicain