Depuis le début de cette 32ème édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, les surprises sont légion. L’élimination de l’Egypte, pays organisateur et grand favori de la compétition, comme celle du Maroc, sont deux grands coups de tonnerre. Comme la qualification en quart de finale de Madagascar et du Bénin.
Décidément, le football est un sport qui réserve des scénarii parfois renversants. Le week-end dernier, les Pharaons, l’équipe nationale égyptienne, solides prétendants à la victoire finale, se sont faits éliminés dès les huitièmes de finale par les Bafana Bafana, la sélection sud-africaine dont on ne vendait pas cher la peau avant le coup d’envoi de la rencontre.
« Vous nous avez fait honte »
Une immense désillusion pour l’ensemble du peuple égyptien, qui rêvait d’un huitième sacre, dans cette compétition organisée à domicile. Un séisme qui a ébranlé la Fédération égyptienne de football. Son président, Hani Abou Rida, a démissionné ; mais avant cela, il a limogé l’ensemble de l’équipe technique à la tête de la sélection, malgré le mea culpa de son entraîneur, le Mexicain Javier Aguirre.
D’ailleurs, au lendemain de cette défaite, la presse locale n’a pas été tendre avec le ballon d’or africain Mohamed Salah et ses coéquipiers. « Vous nous avez fait honte » a par exemple titré Al-Akhbar, le quotidien gouvernemental. Les organisateurs avaient pourtant mis les petits plats dans les grands pour les Pharaons.
Ils étaient en effet l’une des rares équipes à jouer tous ses matchs à 21h, au stade international du Caire, à chaque fois devant plus de soixante-dix mille spectateurs. Ils étaient même 77 000 lors de cette fameuse élimination, totalement pétrifiés, hagards et même désespérés pour les plus jeunes.
Les Lions de l’Atlas éliminés
La veille, au bout de la nuit, c’est le même désespoir qu’affichaient les supporters marocains, venus nombreux au stade de l’académie militaire du Caire. Les Lions de l’Atlas, largement favoris, comme les Egyptiens du reste, venaient d’être éliminés par les Ecureuils, la sélection béninoise qui, jusque-là, n’avait jamais gagné la moindre rencontre en treize matchs disputés en Coupe d’Afrique des nations.
D’ailleurs, jusqu’à ce fameux vendredi 5 juillet, au Caire, les Marocains n’avaient jamais perdu contre les Béninois, en cinq confrontations. Au terme d’un match dominé par les Lions de l’Atlas, et qu’ils auraient pu gagner si leur attaquant vedette Hakim Ziyech n’avait pas raté son pénalty à la 96ème minute, presque à la limite du temps additionnel.
Comme pour l’Egypte, la presse marocaine ne s’est pas gênée pour brocarder les joueurs et leur entraîneur, le Français Hervé Renard, vainqueur de la compétition avec la Zambie en 2012, et la Côte d’Ivoire trois ans plus tard. Certains journaux ont évoqué une défaite « honteuse », « inqualifiable » et même « scandaleuse ». Le site marocain spécialisé le360°sport a même titré « Ziyech m’a tuer », c’est dire la violence de certains commentaires.
Si cette élimination est jugée tout aussi dramatique que celle des Pharaons, elle n’a pour l’instant entraîné aucune conséquence notable. Toujours selon le site spécialisé « le360°sport », le sort d’Hervé Renard sera décidé à la suite d’une réunion qu’il tiendra dans les prochains jours avec Fouzi Lekjaa – le président de la fédération royale marocaine de football.
L’aventure continue pour les Barea
Dernière facétie des dieux du football, la victoire des Barea contre les Léopards de la République démocratique du Congo. Pour leur première participation et cette qualification ô combien méritée pour les huitièmes de finales, les hommes de Nicolas Dupuis, l’entraîner français de la sélection malgache, le contrat avait très largement été rempli.
Car à l’origine, il s’agissait de faire bonne figure et de remporter au moins un match. Depuis, les Zébus ont prouvé à chaque rencontre qu’ils ont d’énormes qualités individuelles et collectives, et qu’il leur est permis de rêver haut, grand. Sous les yeux de près de quatre cents supporters et de leur président de la République, Andry Rajoelina, ils ont fait vibré l’ensemble du pays. Ils affronteront les Tunisiens ce jeudi, pour une place dans le dernier carré, les demi-finales.
Le football, une affaire aussi politique
En Afrique comme partout ailleurs dans le monde, le football reste une affaire politique. Prenons l’Egypte par exemple, où l’élimination de la sélection nationale est vécue le plus durement.
Depuis l’introduction du football dans ce pays au XIXème siècle par les colons britanniques, deux équipes, toutes les deux cairotes, dominent la discipline : le Al-Ahly S.C et le Zamalek S.C.
Ce sont aussi deux des quatre derniers finalistes de la Ligue des champions de la Confédération africaine de football – la plus grande compétition du continent. Et en 1984, à l’occasion de la finale de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, le président Hosni Moubarak avait déclaré aux joueurs : « Le foot est une guerre qui répond à nos objectifs. L’Egypte doit être fière de vous, nous devons lui offrir vie et sang. » Depuis, rien n’a changé, bien au contraire.
Ainsi, le président béninois Patrice Talon ne rate pas une occasion de s’exprimer sur les exploits des Ecureuils. Sur sa page Facebook, il écrit à propos de la qualification du Bénin en quart de finales : « Que d’émotions ! Belle victoire acquise de haute lutte. Preuve que le travail sérieux et rigoureux paie toujours. Bravo les enfants ! Le pays entier est fier de vous. Au prochain défi ! » D’après L’Express de Madagascar, le président malgache a rappelé devant des journalistes, « son ambition de faire de la Grande Ile une vitrine et la tête de gondole de l’Afrique. »
AFP