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Prorogation du mandat des députés : la position ambiguë de Soumi et de Mariko

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Ni Soumaïla Cissé ni Oumar Mariko n’a voté contre la deuxième prorogation du mandat des députés, approuvée par l’Assemblée nationale le jeudi dernier par 123 voix pour, 19 abstentions et zéro contre. Le sens du vote de certains députés tranche avec leur propos va-t-en-guerre contre la prorogation du mandat des députés.

C’est la 2e prorogation pour la 5e législature, dont le mandat constitutionnel était arrivé à terme le 31 décembre dernier, avant d’être prorogé pour six mois. Le vote d’hier constitue ainsi la deuxième prorogation, cette fois-ci pour un an. Le projet de loi proposé dans ce sens par le gouvernement a été approuvé par 123 voix pour ; 19 abstentions et zéro voix contre. Avant sa promulgation par le président de la République, le texte voté sera soumis à la Cour constitutionnelle pour conformité.

Ce vote à l’Assemblée nationale ne reflétait pas les polémiques entretenues par des hommes politiques qui sont opposés à l’adoption du projet de loi organique portant sur une 2e prorogation du mandat des députés.

A l’image d’Aliou Boubacar Diallo et de Cheick Modibo Diarra, le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, a aussi porté plusieurs griefs contre la prorogation du mandat des députés décidée par le conseil des ministres en date du 7 juin 2019.

Il y a quelques jours, lors d’une conférence de presse, Soumaïla Cissé a réaffirmé sa position personnelle sur le sujet, mais également celle du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). Il a déclaré être opposé à l’initiative parce qu’elle ne découle pas d’une vérité constitutionnelle. Aussi, a-t-il estimé que c’est une violation grave de l’accord politique de gouvernance, mais aussi et surtout une négation des prérogatives du dialogue politique inclusif. « Le FSD rejette la prorogation du mandat des députés », a indiqué le chef de file de l’opposition.

Toujours pour défendre sa position, il a ajouté que si la 1ère prorogation a eu le quitus de la Cour constitutionnelle, cette fois-ci la décision manque  d’habillage juridique, car la Cour n’a pas accordé son aval.

Comme lui, le député élu à Kolondièba, Oumar Mariko, connu pour sa position tranchée, a également indiqué à plusieurs occasions qu’il n’est pas pour une prorogation du mandat des députés. Il pense qu’au-delà du mandat constitutionnel, toute autre décision est illégale.

Aussi, lors des débats sur l’examen dudit projet de loi, Oumar Mariko a-t-il estimé que contre la volonté populaire, des députés veulent faire passer au forceps le texte en question alors qu’ils n’ont pas la légitimité.

Selon lui, la légitimité appartient au peuple. Et, a-t-il ajouté, la légitimité requiert que les députés consultent le peuple sur ledit projet de loi. Dans tous les cas, estime-t-il, cette situation montre l’incapacité de l’État à gérer le pays.

Curieusement, après le débat,  les députés ont adopté ledit projet de loi organique par 123 voix pour ; 19 abstentions et zéro voix contre. Aucun député de l’opposition, curieusement, n’a voté contre ce projet pour manifester sa désapprobation contre une autre prorogation du mandat des députés. Le sens du vote des opposants tranche toutefois, selon des observateurs, avec leur position. Ce qui est plus étrange est la position d’Oumar Mariko et de Soumaïla Cissé. Ces deux députés de l’opposition ont simplement préférer s’abstenir. « Si on ne veut pas un texte ou qu’il est illégal, on ne s’abstient pas. On  vote contre », a confessé un responsable du FSD qui a dû comprendre finalement que Soumaïla Cissé et Oumar Mariko étaient dans une posture du discours populiste.

L’unique alternative

En attendant l’avis des 9 sages, le gouvernement a estimé nécessaire de proroger le mandat des députés d’un an jusqu’au 2 mai 2020 à cause de plusieurs contraintes, dont les difficultés sécuritaires dans une partie du territoire national. Aussi, les séries de drames dans le centre du pays sont-elles en train de changer les priorités du gouvernement.

« On n’ose pas aller au centre aujourd’hui pour parler d’élection », témoigne Idrissa Sankaré, lors du débat par moment très houleux entre les différentes positions à l’Assemblée nationale. Selon lui, tant qu’il n’y a pas de sécurité, il n’est pas possible d’organiser les élections.

De même, le député Mamadou Diarrassouba pense que pour préserver la stabilité du Mali au cœur de la menace sécuritaire dans le Sahel, il faut créer les conditions minimales de la tenue des élections communales et législatives. Ces conditions n’étant pas réunies, il affirme être favorable à une prorogation de leur mandat.

« La prorogation du mandat des députés est la condition sine qua non de la stabilité du pays. Nous devons tous adhérer à la prorogation et accompagner le gouvernement », soutient le député Diarrassouba.

Aussi favorable à l’adoption du projet de loi, Hadi Niangadou défend sa position en affirmant que sans l’Assemblée nationale, le gouvernement ne peut pas tout prendre par Ordonnance. Il pense qu’il faut acter la prorogation du mandat pour l’intérêt de tout le Mali, tout en rejetant l’idée de la mise en place d’une constituante.

« Cette idée est une diversion, une distraction », rétorque le député élu en commune II. Certes, selon lui, il faut impérativement aller à une nouvelle prorogation, mais ‘’il n’y a aucune indication aujourd’hui pour dire que le gouvernement peut respecter le délai du 2 mai’’, estime Niangadou.

Hamadoun MAIGA

Source: Azalaï-Express

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