La fin de la guerre ? Ce n’est pas demain la veille. Nous sommes et resterons, pour longtemps en guerre, car un certain nombre de Maliens, parmi ceux censés nous diriger, ont découvert qu’elle permet de devenir indécemment et très vite riche ; que dans un Etat en guerre, une situation de guerre, l’on peut, prétextant l’urgence, faire passer des marchés, initier des achats, créer de toutes pièces des dépenses, sans que personne ne fasse attention, ne crie gare ou «Au voleur !». Nous sommes et resterons longtemps en guerre quand l’exutoire «effort de guerre» permet de tout se permettre, de gérer au jour le jour.
On ne s’en est jamais privé, d’ailleurs, dans notre pays, ces fallacieux prétextes qui permettent au président de s’offrir un budget de campagne, à des députés de s’en mettre plein les poches, à des ministres de devenir, du jour au lendemain, milliardaires, et à des opérateurs économiques de se faire rembourser leurs soutiens (financiers) politiques lors de campagnes électorales passées et (qui sait ?) à venir.
Au départ, ici, au Mali, sous la transition dirigée par le président par intérim d’alors, Dioncounda Traoré, on avait demandé aux citoyens, aux structures socio-professionnelles, à tout le monde, de contribuer à l’effort de guerre à travers des dons en nature et en espèces. Dieu en est témoin. Les Maliens y ont contribué. Les dons et autres contributions ont afflué de partout, et en nature et en espèces.
Jusqu’à la fin de la période de Transition, on essayait, tant bien que mal, assez souvent, de fairele point à l’opinion, à savoir les contributeurs, de cette générosité à l’endroit de nos forces armées et de sécurité. Générosité à l’endroit des Fama (forces armées maliennes), c’est de cela qu’il s’agissait et non pas autre chose. C’est comme cela que nos compatriotes l’avaient compris. Et c’est d’ailleurs ce qui explique leur populaire et remarquable adhésion à cet appel à manifestation.
Les contributeurs pensaient tous que leurs efforts auraient permis de mettre nos militaires dans de meilleures conditions de vie et de travail, de soulager l’Etat dans le cadre de l’effort de guerre. Erreur ! Personne ne pourrait dire, à ce jour, à quoi a servi cette manne. Pire, l’Etat, lui-même, a englouti, sans aucun résultat, des milliards dans la guerre. La guerre enrichit donc certains, comme l’écrivions tantôt.
Les équipements militaires sont surévalués, des hélicoptères sont achetés, aussi, et ce n’est pas IBK qui dira le contraire, à coup de milliards pour servir d’objets de décoration du tarmac de l’aviation militaires à la base de Sénou.
Le pot aux roses ? C’est le marché relatif à l’achat des munitions communément appelées «balles» ou «cartouches». C’est sur ce volet que sont opérées les surfacturations jamais observées dans notre pays.
La guerre, elle enrichit, elle offre des prétextes et permet d’étirer les mandats. Ici, on a vu et on vit l’enrichissement indécent et illégal de certains liés à la guerre, on a vu l’étirement et la prorogation du mandat des députés. On observe pour voir la suite.
Makan Koné
Nouvelle Libération