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Dialogue politique inclusif au Mali : Pourquoi Soumaila Cissé aurait tort de ne pas y participer ?

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Le gouvernement du Mali est à pied d’œuvre pour l’organisation d’un dialogue national inclusif permettant, officiellement,  de débattre de toutes les questions brulantes de l’heure et de doter, au finish, le pays d’une nouvelle Constitution et d’une nouvelle charte des partis politiques. Ce forum tant souhaité par l’ensemble de la classe politique et les organisations de la société civile et tant attendu par l’ensemble du peuple malien,  fait l’objet de beaucoup de supputations, de commentaires et de réticences de la part de  certains leaders de l’Opposition et de la société civile. Soumaila Cissé, le chef de file de l’Opposition et probable successeur d’IBK va-t-il boycotter ce cadre qui permettra de tracer la voie du nouveau Mali ? Voici quelques conséquences de sa non-participation.

S’il y a une logique en politique, Soumaila Cissé est incontestablement le leader de l’Opposition le plus proche de Koulouba. En tout cas, rien qu’en se basant sur les  résultats de la dernière présidentielle et compte tenu de la grande implantation de son parti sur l’ensemble du territoire et dans les pays à forte représentation de la diaspora malienne. Alors pourquoi ne pas aider IBK à mieux organiser les scrutins à venir étant donné qu’il est à son dernier mandat ?M. Cissé gagnerait plus en se rapprochant du pouvoir, pas pour un partage de gâteau, mais pour avoir un œil sur tous les mécanismes qui seront mis en place pour gérer les élections à venir. Le dialogue politique inclusif est l’un des cadres permettant de discuter et de proposer sa vision pour une amélioration du dispositif de l’arsenal électoral au Mali. Que dire de la crise sécuritaire qui fera l’objet de propositions de sortie de crise pour le bonheur des Maliens qui ont une soif de paix ? Alors, boycotter ce cadre, c’est renoncer non seulement à prendre part aux débats sur les questions brulantes, mais aussi et surtout, à venir au pouvoir en 2023. Faut-il rappeler ce vieil  adage de chez nous : ce qui se fait derrière toi, se fera également contre toi. Et les agissements de ses alliés de circonstance, la non prise en compte de certaines recommandations faites par son parti ou son regroupement, ne doivent pas lui faire perdre la raison, pour ne pas courir trois risques pouvant lui être fatal à sa probable élection en 2023.

Le premier risque, c’est le vide que le pouvoir créera autour de lui

Si Soumaila Cissé continue avec sa politique de la chaise vide, il risque de rester seul, parce que ses alliés de circonstance l’abandonneront, moyennant des strapontins. Ce fut  d’ailleurs le cas lors de l’élection présidentielle de 2018 et tout récemment, lors de la composition du Gouvernement Boubou Cissé.Donc, pour éviter ce piège politiquement suicidaire, le Président de l’URD doit chercher à être dans les rouages du pouvoir pour être un témoin vigilant de toutes les stratégies qui seront mises en place.

Le deuxième risque, c’est la fabrication d’une majorité par le régime avec un candidat unique

Ce candidat unique n’aura d’autre mission que de barrer la route de Koulouba à Soumaila Cissé. Pour rappel, un Président de la République sortant quel que soit son impopularité a toujours un tour dans son sac, surtout dans un pays où la justice, la police et l’armée sont aux ordres du principe du jour et où les lois sont taillables et corvéables à souhait. IBK  pourrait faire comme le Président sortant de la Mauritanie, en tripatouillant les résultats en faveur de son poulain pour ensuite mater la contestation. Donc, autant coopérer de façon intelligente, comme d’ailleurs lui-même avec ATT. En effet, le  RPM n’a jamais gouté l’opposition sous ATT contrairement à ce que certains font croire à l’opinion. Et IBK a toujours fait la politique de l’autruche. Soumaila Cissé a tout intérêt à participer au dialogue politique inclusif pour déjouer ce genre de complot.

Le troisième risque serait de mettre en place un arsenal juridique empêchant Soumaila Cissé de se présenter à la prochaine élection présidentielle

L’on se rappelle que dans le projet de constitution élaboré par la Commission Daba Diawara, sous ATT, il était clairement écrit que l’âge limite pour être candidat à la Présidentielle était 75 ans.Heureusement pour IBK, Dioncounda Traoré et d’autres, à l’époque, ce projet n’a pas prospéré. Mais, IBK pourrait le remettre sur la table de discussion pour faire mal à son adversaire. Comme Mahamadou Issoufou du Niger qui a mis dans la loi nigérienne que tous ceux qui ont été condamnés d’un an de prison ne pourront pas se présenter. Cette loi ne vise que son principal opposant Hama Amadou.

Ou bien à défaut, le régime pourrait l’affaiblir en débauchant tous les cadres valeureux de son parti pour ne laisser  qu’une coquille vide. Car la conviction politique au Mali est la chose la plus mal partagée. Surtout que le dernier soubresaut qu’a connu l’URD, quand il s’est agi de n’est pas voter la loi de prorogation du mandat des députés, doit servir de leçon à Soumaila Cissé.

En définitive, la politique selon Machiavel n’est qu’un jeu d’intérêt et tous les moyens sont bons pour atteindre son objectif. Soumaila Cissé a le choix entre participer au Dialogue politique inclusif ou boycotter en courant ces risques.

Youssouf Sissoko

Source: Infosept

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