Bonjour Mr le président, vous avez les traits tirés et les yeux rouges. Est-ce un manque de sommeil ?
Avec tous les problèmes que je gère au quotidien, peut-on dormir sur ses deux oreilles dans ce pays ? Je travaille, parfois, jusqu’à 5 heures du matin. Histoire de sortir notre pays de cette crise multiforme, qui n’a que trop duré. Malgré tout, certains politicards ont l’outrecuidance de dire que je ne travaille pas, que je passe la journée à me prélasser dans mon lit, un verre de jus de fruit à la main.
Donc, vous en êtes informé ?
Le Mollah, je sais tout ce qu’on dit de moi, ou sur moi, en ville. Mais je fais comme si de rien n’était. Allah Soubhana watallah voit tout, sait tout.
Mr président, votre déclaration, dans Jeune Afrique, selon laquelle les hélicoptères PUMA sont cloués au sol « faute d’une maintenance appropriée » a choqué les Maliens. Comment un pays en guerre peut-il acquérir des hélicoptères de combat à prix d’or et être incapable d’assurer leur maintenance ? s’interrogent-ils
Je n’ai dit que la vérité !
Selon vous, qui doit assurer la maintenance de ces hélicoptères ?
L’Etat malien, bien sûr !
Et pourquoi cela n’a pas été fait ?
Je ne réponds pas à cette question
Les Maliens se posent une autre question au sujet de ces hélicoptères PUMA : l’Etat malien a-t-il acheté des hélicoptères neufs ou des hélicoptères de seconde main ?
Le Mollah, je t’en prie, n’insiste pas, passe à une autre question. Je n’ai pas envie de pleurer ce matin, alors que ma journée vient à peine de commencer.
Pleurer pour ces hélicos ? Pourquoi ?
C’est compliqué, très compliqué. Trop compliqué.
Vous sentez-vous trahi, quelque part, dans l’achat de ces équipements militaires ?
Peut-être oui, peut-être non !
Si oui, vous avez été trahi par qui ?
Le Mollah, laisse tomber. C’est la mort dans l’âme que je me tais sur cette question. Pourtant, j’en ai la réponse. Une bonne réponse. Mais, qui vivra va verra !
Un jour, les Maliens reconnaîtront mes mérites. Et aux autres, les leurs. Je n’en dis pas plus.
Mr le président, votre jeune frère adoré, Soumaïla Cissé, déplore, dans les colonnes de notre confrère « Le Républicain » une certaine lenteur dans le processus du dialogue politique inclusif. Qu’en pensez-vous.
Qu’est-ce qu’il a encore trouvé à redire celui-là ? Car, il ne manque jamais de quoi mettre sous la dent des scribouillards.
Il a dit, je cite, que « ils sont inquiets de la lenteur que cela prend parce qu’ils n’ont pas été consultés par les principaux protagonistes, qui sont chargés de mener ce débat ».
Vous savez, le problème de mon « Dôgô » adoré, comme vous dites, c’est que je ne lui ai pas confié la direction de ce dialogue politique inclusif pour lequel il se bat depuis trois ans.
Certes, c’est lui qui a eu l’idée de ce dialogue politique inclusif. Je l’ai accepté, afin de faire baisser la tension sociopolitique et pour que les réformes politiques et institutionnelles en cours puissent emporter l’adhésion de tous.
Mais ce que le leader de l’opposition souhaitait, c’était de diriger ce dialogue politique inclusif pour s’en servir comme « tribunal » pour faire mon procès ou celui de mon régime. Ce que je n’accepterai jamais. Sinon, le processus du dialogue politique inclusif se poursuit. Normalement. Le triumvirat est en place. Il poursuit ses consultations, afin de rendre le dialogue politique le plus inclusif possible.
Si vous rencontrez mon jeune frère adoré, à Badalabougou, dites-lui ceci : quand on n’a rien à dire, on se tait.
Mr le président, le Vérificateur général vient de remettre son rapport. Restera-t-il, comme les autres, dans les tiroirs ?
Jamais ! celui-là sera remis à la justice, si ce n’est déjà fait, afin que les fossoyeurs du dénier public soient jugés et punis à la hauteur de leurs crimes.
C’est sûr ?
C’est certain ! Comme je te l’ai dit : qui vivra va verra ! Comme disait « Lassidan » dans son ketch.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé