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Washington veut reprendre la main sur les géants d’internet, Facebook en tête

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Les autorités fédérales américaines tentent de reprendre la main sur les géants d’internet en lançant une vaste enquête sur leurs pratiques et en tentant de brider Facebook dans le traitement de ses précieuses données d’utilisateurs, mais les actions contre le premier réseau social du monde sont accueillies avec beaucoup de scepticisme par les observateurs.

Une amende record de 5 milliards de dollars, un comité indépendant pour contrôler la protection de la vie privée, et l’engagement de la responsabilité personnelle de Mark Zuckerberg: les sanctions imposées par l’agence américaine de protection des consommateurs (FTC) à Facebook vont bien au-delà des pénalités précédentes.

C’est l’amende la plus importante jamais imposée pour violation de la vie privée des consommateurs, d’après la FTC, qui accuse le puissant réseau social d’avoir “trompé” ses utilisateurs sur leur capacité à contrôler leurs informations personnelles.

Elle s’est traduite par une chute de 50% du bénéfice net du groupe au deuxième trimestre, mais la décision était attendue et n’a pas réellement affecté sa santé financière.

Le groupe a réalisé près de 17 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur les seuls mois d’avril à juin 2019, et revendique 2,41 milliards d’utilisateurs mensuels actifs.

Facebook s’inquiète cependant des risques que ce serrage de vis sur la protection des données en Europe et aux Etats-Unis fait peser sur son modèle économique. La société anticipe un ralentissement de la croissance des revenus publicitaires d’ici la fin de l’année et en 2020, à cause de la régulation renforcée et des évolutions technologiques liées.

– “Personnellement responsable” –

Selon les termes de l’accord avec la FTC, Facebook devra désormais vérifier que tout nouveau produit ou service remplit les critères de respect de la vie privée avant d’entrer en fonction, y compris pour Instagram ou ses messageries WhatsApp et Messenger.

Le réseau social a d’ores et déjà nommé un responsable de la confidentialité pour les produits, Michel Protti, auparavant directeur du marketing produit. Le conseil d’administration devra confirmer sa nomination.

L’accord “est conçu non seulement pour punir d’éventuelles violations futures, mais aussi, et surtout, pour changer entièrement la culture de Facebook sur la vie privée”, affirme la FTC.

Mark Zuckerberg, fondateur et président de l’entreprise tentaculaire, a dû accepter de céder une petite partie de son contrôle absolu avec la mise en place d’un comité indépendant sur la protection de la vie privée, dont les membres “ne peuvent être licenciés que par une majorité des membres du conseil d’administration de Facebook”, précise le régulateur.

“La décision l’oblige à garantir personnellement, tous les trimestres, que la société s’est conformée à l’accord”, explique Joseph Simons, le patron de la FTC, faute de quoi il s’exposerait à des sanctions au civil et au pénal.

Mais les détails de l’accord ont été fraîchement accueillis. Deux des membres de la FTC ainsi que de nombreux responsables politiques et associations le considèrent comme insuffisant, voire inefficace.

“Les infractions flagrantes de Facebook sont la conséquence directe de leur modèle économique fondé sur la surveillance de masse et la manipulation. Cette action vient bénir ce modèle. Cet accord ne résout pas le problème”, a tweeté Rohit Chopra, membre démocrate de la FTC, qui a voté contre l’accord avec son autre collègue démocrate.

L’enquête de la FTC avait été ouverte après les révélations en mars 2018 de fuites massives vers la firme britannique Cambridge Analytica, qui travaillait pour la campagne de Donald Trump en 2016 et a détourné les données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde.

– Concurrence réduite –

Dans son communiqué de résultats, le groupe note que “le secteur des technologies en ligne, et notre entreprise, ont été soumis à des contrôles accrus de la part des régulateurs pendant le dernier trimestre”.

Il mentionne l’enquête ouverte par la FTC en juin sur d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles de la part de Facebook, mais aussi celle lancée mardi par le ministère américain de la Justice pour déterminer si les géants des réseaux sociaux, des moteurs de recherche et du commerce en ligne sont devenus trop puissants.

Les autorités veulent déterminer comment ces entreprises riches en données d’utilisateurs (comme Google, Amazon, Facebook, Twitter ou Apple) sont parvenues à devenir aussi incontournables sur leur marché et si elles ont eu recours à des pratiques “ayant réduit la concurrence, empêché l’innovation ou affecté les consommateurs”.

Mais les analystes doutent à ce stade que cette enquête ne conduise à des démantèlements.

AFP